Attention, l’entretien que vous vous apprêtez à lire est de la BOMBE !
Nous le devons au travail d’Amèle Debey qui, à la barre de son Impertinent Média, produit un travail de qualité, là où les médias « installés » se contentent le plus souvent de faire du 20 minutes amélioré (et encore, pas toujours !) en recopiant diligemment les dépêches d’agence et les communiqués de presse. Ou -comme l’émission Infrarouge de la RTS- osent faire passer ce qui a toutes les caractéristiques de conférences de presse pour des « débats » !
Comparer aujourd’hui l’Impertinent, Bon pour la tête ou l’Antipresse avec les Heidi News, RTS, Le Temps ou même le Courrier est assurément cruel pour ces derniers.
Ici, Amèle Debey envoie du lourd en questionnant avec pertinence le Dr Philippe Saegesser, médecin retraité, spécialiste en anesthésie qui a également œuvré en soins intensifs en tant que médecin chef dans plusieurs hôpitaux.
Celui-ci (et c’est cela qui détonne autant) parle vrai. Il dit les choses avec l’intelligence de son métier et de sa personne, avec une liberté humble et sans provocation -mais sans la moindre complaisance- qu’on ne retrouve plus guère que chez les retraités ou les franc-tireurs. Je ne vais pas commenter par avance ses propos : il suffit de les lire pour entendre l’étendue et la gravité de la dérive dans laquelle nous sommes pris et à quel point cette parole libre paraît anachronique.
Qu’aucun médecin ayant quelque autorité publique, qu’aucun professeur d’université n’ait osé en Suisse romande énoncer quoi que ce soit d’appprochant signe la déroute similaire des professionnels et des sachants. Il ne restera dans l’histoire qu’un grand silence emprunté et couard, dans un univers devenu asphyxiant de toute parole libre et -c’est bien le problème- de l’intégrité professionnelle.
Place donc à l’intelligence et au débat d’idées digne de ce nom, en remerciant Amèle Debey de son autorisation à reproduire ici le début de ce remarquable (dans les différents sens du terme) entretien, avec un lien vers l’article intégral.
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«Notre gouvernement n’est plus défenseur des valeurs fondamentales de notre société»
Le Dr. Philippe Saegesser, retiré de l’activité clinique depuis peu, après 35 ans de «métier», porte un regard critique sur certains aspects de la crise sanitaire actuelle. Spécialisé en anesthésie, il a également œuvré en soins intensifs en tant que médecin chef dans plusieurs hôpitaux. Intéressé par la place du monde médical dans les institutions publiques et à ses relations avec leurs organes dirigeants, ce docteur reste en lien étroit avec la profession, en tant que président du groupement des médecins hospitaliers vaudois (GMH) et membre du comité de la société vaudoise de médecine (SVM).
Amèle Debey, pour L’Impertinent: Quel regard portez-vous sur cette crise et sa gestion?
Dr. Philippe Saegesser: J’ai toujours imaginé qu’une telle problématique pouvait se présenter. Dans un monde ou les échanges et la proximité n’ont jamais été aussi importants, tous les éléments étaient rassemblés pour qu’un nouvel agent pathogène issu d’une région du globe devienne un problème planétaire. C’était prévisible! Nous avions déjà eu plusieurs avertissements. En tant que directeur médical, j’ai vécu la problématique de l’épidémie H1N1, avec son lot de craintes, d’interrogations et déjà de pression économiques. Et puis là, rebelote: on s’est retrouvés avec un nouveau virus en apparence plus agressif, des patients parfois gravement atteints et une mortalité présentée à l’origine comme importante.
Face à un tel événement, il était légitime de prendre des mesures fortes pour protéger la population et endiguer la progression de la contamination en sollicitant le sens des responsabilités de chacun, en se référant aux personnes compétentes et aux organes décisionnaires. J’ai pris acte, comme tout le monde, que l’on était face à la possibilité d’un confinement généralisé.
D’emblée, je me suis demandé si le caractère directif et autoritaire des dispositions qui étaient imposée à la population, par l’intermédiaire d’une loi d’exception, se justifiait vraiment et si impact d’un confinement généralisé – disposition inhabituelle – n’allait pas être plus préjudiciable que l’atteinte virale elle-même. Avec le temps, il devient de plus en plus évident que les contraintes imposées à la collectivité auront un impact négatif bien plus grave que l’épidémie!
Sur le plan sanitaire?
Sanitaire, sociétal, les deux ne sont pas dissociables. Les conséquences des mesures prises vis-à-vis d’un certain secteur d’activité vont immanquablement avoir un impact sur les personnes concernées, pas seulement du point de vue purement économique mais aussi, au final, sur la capacité de ces individus à être en pleine capacité physiologique et psychologique à résister à une infection, par exemple. Elles vont avoir une incidence sur les familles, leur équilibre, sur l’état psychologique des personnes, leur autonomie, la mobilité des aînés, sur la manière de vivre… Dans un équilibre bien pesé, on ne peut pas détacher la problématique des choix qui sont opérés pour juguler l’épidémie elle-même de l’impact global de ces décisions, en prenant en compte tous les autres aspects de notre vie et des relations que nos entretenons les uns des autres.
Le semi-confinement vous a donc semblé être une décision démesurée?
Je me suis posé la question. J’ai nourri plus que des interrogations: une résistance à accepter ces mesures lorsque certaines d’entre elles commençaient progressivement à être dénuées de sens, parfois contradictoires ou sans fondements avérés. Lorsqu’on demande aux gens de faire des sacrifices individuels, il faut du sens, que ces contraintes soient, en contrepartie, profitable à la collectivité. Sans quoi le ressentiment, l’injustice et finalement l’absence de confiance auprès des autorités qui les imposent se nourrit. Lorsque les limitations et restrictions deviennent arbitraires et mettent en péril ce que la population a construit à la sueur de son front et qui permet d’assurer son équilibre, la révolte se développe.
J’ai mesuré les conséquences de la loi Covid-19 avec beaucoup d’inquiétude, notamment en matière de recul des droits fondamentaux. Je me suis interrogé sur les éléments contestables. Je ne trouvais pas de cohérence entre les différentes directives. Ni d’ailleurs dans les décisions sans réels appuis scientifiques. Comme le fait de fermer les restaurants à 19h plutôt qu’à 21h ou 22h dans le canton de Vaud, mais pas dans certains cantons limitrophes par exemple. De laisser des professionnels de santé symptomatiques continuer leur travail en attendant le résultat de leur test. De la nécessité ou non de porter un masque. Lequel est absolument nécessaire pour se déplacer dans un restaurant, mais devient inutile une fois assis pour manger.
«J’ai été choqué par cette tyrannie, souvent absurde… »
Je m’inquiétais des conséquences psychologiques des dispositions prises, du replis sur soi-même, de la peur de l’autre que cela allait engendrer, alors que pour le maintient de la cohésion de la société il valait mieux encourager l’entraide, l’empathie, la compréhension, la solidarité et le sens des responsabilité.
J’ai été choqué par cette tyrannie, souvent absurde, qui s’accompagne d’une volonté de surveillance et me suis demandé ce qui pouvait donner du sens à ces répétitions de frustrations inutiles, déroutantes, changeantes, sans consensus scientifique. Lorsqu’on a vu apparaître la censure sur les réseau sociaux, la stigmatisation d’une pensée critique et les sanctions pour non respect de certaines directives, je me suis naturellement demandé si notre société n’allait pas risquer de dériver vers les modèles des plus tristes régimes autoritaires.
Quel paradoxe de constater que des recommandations censées permettre de protéger la population contre un danger devenaient progressivement un outil d’asservissement vers un régime contraire aux droits fondamentaux.
Il semblerait que l’on ait quitté le champ rationnel scientifique depuis longtemps, pour laisser place à des décisions politiques?
Oui. On mesure jusqu’où on peut aller à demander des choses qui paraissent absurdes aux gens. La peur du risque, de l’inconnu et le respect inné que la population suisse porte à ses autorités sont pour une bonne part de l’acceptation et du manque d’esprit critique de la population en général. Dans les conditions que nous avons vécues, avec le narratif officiel hyper-anxiogène véhiculé par les médias, il ne restait plus qu’à accorder un crédit total aux gouvernants. «Ils sont là pour nous protéger. Leurs décisions ne sont pas toujours pleines de sens, mais au fond, ce sont des gens à qui on peut faire confiance».
Dans les faits, il était d’autant plus difficile de contester les dispositions gouvernementales qu’elles étaient appuyées par un groupe de scientifiques et que nous étions en partie dans l’inconnu de l’épidémie d’un nouveau type. Dans de telles conditions, en tant que médecin, il est très difficile de remettre en question la gestion de la crise sans prendre le risque de se voir stigmatisé et marginalisé. Ce que l’on peut dire en tous les cas, avec certitude aujourd’hui, c’est qu’en terme de pédagogie et de communication, les autorités ont largement failli.
Plus grave, lorsqu’on aborde ces sujets avec un minimum de bon sens et de recherche sur divers autres aspects de cette crise, on peut mettre en doute que les actions du gouvernement aient vraiment comme objectifs le bien de la population. C’est grave d’en arriver là!
Comment expliquer que les scientifiques de la Task force scientifique, qui sont tout de même censés être compétents dans leur domaine, soient à la source de décisions aussi absurdes?
Certaines décisions sont étayées scientifiquement, d’autres pas. Parfois, on fait des suppositions sans moyens de les prouver. Tout au long de cette crise, ceux qui ont accès à des informations de terrain et qui dépassent le relai prémâché des médias publics, ont pris de la distance par rapport à une représentation officielle contestables de la crise sanitaire.
L’exemple des tests PCR est frappant (voir notre article à ce sujet, ndlr). Sans une rigueur absolue et une application stricte et identique du nombre de cycle d’amplification soumis au prélèvement, on peut leur faire dire à peu près n’importe quoi. Nous avons ainsi vu tester et mettre en quarantaine des personnes qui n’allaient pas tomber malade, mais qui était porteuses saines ou porteuses de partie de virus, restes d’une infection antérieure contre laquelle elle avait guéri.
Un des problèmes majeur révélé par cette crise est la manque parfois criant de cohésion du monde scientifique. L’indépendance d’une partie ce milieu a été fortement remise en question par la problématique des conflits d’intérêts. Ce manque d’indépendance a été particulièrement mis en évidence dans l’activité de recherche dépendant de source de financement privés. Ce rapport de dépendance crée un biais et n’est pas propice à l’expression d’une vision parfaitement impartiale de la réalité.
«On trouve des conflits d’intérêt au plus haut de la hiérarchie médicale et scientifique»
Lorsque vos recherches, votre activité, votre laboratoire et vos revenus dépendent de fonds privés issus d’industries et de firmes qui vous soutiennent financièrement, il devient difficile de résister aux pressions. «On ne mord pas la main qui nous nourrit». Cette phrase illustre la dérive du monde scientifique de ces dernières années. Vous avez tellement de médecins, d’instituts de recherches, qui dépendent directement, ou indirectement, de financements privés, de grands organismes qui ont leurs intérêts, notamment financiers, là-dedans. La pression sur la recherche et sur les chercheurs est quasiment intenable.
Il est bien compréhensible que, dans de telles conditions, lorsque vous émettez des avis ou des remarques négatives sur tel ou tel produit qu’il se propose de mettre sur le marché, vous perdiez le soutien de votre mécène . C’est une relation un peu perverse, qui prive le monde scientifique de sa nécessaire impartialité pour qu’il puisse exercer dans le seul intérêt et pour le seul bien des personnes.
On trouve des conflits d’intérêt au plus haut de la hiérarchie médicale et scientifique. J’en suis convaincu. Les personnalités trop indépendantes ne sont pas celles que l’industrie recherche. C’est un vrai problème systémique.
Vous voulez dire que l’on choisit, à des postes de conseil, des personnalités qui ne risquent pas de sortir du cadre des objectifs officiels qu’on leur a fixé?
C’est mon impression. Avec, à la clé, le risque d’une présentation extrêmement cadrée et canalisée de ce qu’il faut faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire. Face à une situation où la communication est très importante, les autorités ne peuvent pas se permettre d’avoir trop de discordance. Il y a comme une clause de loyauté à l’égard du discours officiel. Les experts ne peuvent pas s’en écarter. Ils expriment ce qu’on leur demande de relayer à la population et deviennent davantage les outils d’une politique avant d’être les protecteurs des intérêts des citoyens.
Vous parliez de confiance dans les gouvernements tout à l’heure. Cette crise vous a-t-elle fait perdre confiance?
Oui, pour une bonne part, je n’ai plus confiance au système. En tant que citoyen lambda, je suis devenu assez critique, par exemple sur les critères selon lesquels nos Conseillers fédéraux sont choisis. Ils ne sont plus porteurs et défenseurs des valeurs fondamentales de notre société, mais avant tout des protecteurs de l’industrie, des intérêts financiers, de la place financière suisse, de la place et du poids des grandes entreprises suisses face à la concurrence mondiale. On les choisit pour le soutien qu’ils peuvent leur apporter.
On connaît la pression que les lobbyistes mettent sur les gouvernements à tous les niveaux. J’ai vu évoluer le système de santé vers une marchandisation de la médecine, évolution contre laquelle je me suis battu. Les réformes de notre système focalisent à priori son objectif sur des problèmes liés d’économicité. Si vous regardez de plus près, les dispositions prises ont l’effet contraire.
Vous parliez notamment de la médecine devenue un business…
On a perdu le cap. Les traitements deviennent des marchandises, un business dans lequel les patients sont réduits au rôle de consommateurs. D’ailleurs, il y a un peu plus de dix ans, de grandes enseignes de l’économie ont commencé à s’intéresser au système de santé. La santé est devenue financièrement très porteuse et source de grands profits pour les investisseurs. Et cette évolution de la santé vers une conception mercantile crée un biais terrible par rapport aux objectifs prioritaires et primaires de l’exercice de la médecine.
C’est peut-être une vision aujourd’hui un peu naïve que de croire que cela puisse être le moteur principal d’une carrière médicale, mais je ne peux me résoudre à imaginer vivre dans un monde ou ces aspirations humanistes ne soient pas le fil conducteur principal qui nous guide. Le système de la santé est devenu très, voire trop sensible aux pressions économiques. Tout se monnaie aujourd’hui. La crise actuelle nous révèle cela de manière quasi caricaturale.
Les forces investies désormais par des motifs mercantiles sont tellement puissantes qu’elles vont peut-être contribuer à modifier les règles et droits fondamentaux des personnes et des patients. C’est très inquiétant. Comment se positionne et réagit le corps médical face à cette évolution qui pourrait bouleverser les principes fondamentaux de son exercice, au sein duquel l’intérêt du patient est au centre?
On oppose souvent la santé et l’économie en ce moment, mais finalement, si la santé est devenue partie intégrante de l’économie, on ne peut plus les dissocier?
Si l’on veut caricaturer de manière provocatrice, aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé, devrait s’appeler l’organisation mondial de la maladie. Ce constat nous permet de mieux comprendre le contexte évolutif dans lequel s’inscrit le monde de la médecine et des soins. C’est un monde qui vit par lui-même, autour du soin et de la maladie, il se nourrit de ça.
Le système de santé suisse a quelque chose de paradoxal en ce sens. On constate à juste titre que le montant des primes d’assurance maladie obligatoire payées par le citoyen sont intenables. Le coût est exorbitant. Parallèlement, les politiciens, sous l’influence de puissants lobbies, mettent en place des réformes, en apparence, propice à l’économicité mais qui, dans la réalité participent à la surconsommation et à la surchauffe.
«On pousse parfois à la consommation médicale afin d’augmenter les recettes»
En réalité, les affaires sont bonnes. Et quand les affaires sont bonnes les bénéfices sont importants. Tout le monde se nourrit de ça. Les grandes entreprises, la pharma, les hôpitaux, les cliniques, certains médecins… les factures arrivent et les assureurs paient. Qui a vraiment intérêt à être dans l’économicité à part le citoyen moyen qui n’arrête pas de payer de plus en plus? Quel est ce système de santé qui s’est construit autour d’une obligation de payer des primes d’assurance sociales à des assureurs privées, qui peuvent potentiellement avoir un intérêt financier? Qui exerce des pressions, qui sont ces lobbyistes payés par les assureurs privés pour influencer le monde politique au niveau fédéral? Il y a là quelque chose de pervers et de malsain. Nous devons trouver un équilibre entre ce système néolibéral et une étatisation pure et simple.
Parfois, pour équilibrer favorablement le budget d’exploitation de certaines structures, on pousse à la consommation médicale afin d’augmenter les recettes. Là où ça n’est plus nécessaire. L’objectif est d’en faire le plus possible. Vous arrivez avec un rhume, on vous fait un examen de laboratoire, une radiographie thoracique et un certain nombre de prestations injustifiées. Il y a tellement d’exemples comme celui-ci…
Pensez-vous qu’il y a eu des incitations financières en direction des hôpitaux à déclarer des cas Covid?
Je ne sais pas. En revanche, je sais qu’abusivement, à plusieurs occasions, des patients arrivés en fin de vie ont été déclarés morts Covid parce qu’ils avaient un test PCR positif. Lorsque vous accumulez ces situations, en présentant des morts naturelles, des atteintes évolutives inexorables de personnes très âgées comme mort Covid, vous biaisez les statistiques et donnez une fausse représentation de la réalité.
Officiellement, la reconnaissance est absolue pour ces gens qui, au quotidien, font des efforts considérables pour soigner. Mon admiration et ma reconnaissance vont à toutes ces personnes qui se battent pour soulager et parfois guérir. En parallèle, l’état gomme d’un revers de main les droits du travail, les horaires, les congés, la récupération. Ces droits sont là pour protéger la santé des soignants et des médecins. Vous ne pouvez pas applaudir d’un côté et faire en sorte, de l’autre, que ces gens continuent à être soumis à des pressions considérables.
Je comprends leur révolte et leur impression d’être ni entendus, ni compris. Ils font des horaires de fous, ils ne sont pas remplacés, ne peuvent plus revendiquer d’heures supplémentaires. Je peux comprendre ce ressentiment, que je partage. J’ai toujours un peu d’inconfort à l’idée que l’on puisse interpréter ma position critique dans la gestion de cette crise épidémique comme une absence de considération pour les efforts que les soignants et les médecins fournissent au quotidien. Il s’agit pourtant du contraire.
A l’heure actuelle, on renvoie chez eux les patients positifs au Covid avec du paracétamol. Celui-ci étant destiné à faire baisser la fièvre, qui elle a un rôle bénéfique dans la lutte contre le virus. N’est-ce donc pas une solution à double tranchants?
Je n’aurais pas forcément ce regard. On est confrontés à une infection qu’on arrive difficilement à traiter lorsqu’elle prend une évolution défavorable. Le but des unités de soins intensifs est de pallier aux défaillances de système et de maintenir les gens en vie en espérant que leur organisme parviendra à surpasser l’infection elle-même. Malheureusement, arrivé au stade avancé, les problèmes deviennent multifactoriels.
On a utilisé le Remdesivir en imaginant que c’était la panacée. On en a acheté des quantités considérables pour finalement constater, comme avec le Tamiflu lors de la grippe H1N1, qu’il n’était pas efficace et non dénué d’effets secondaires graves. Ce qui m’a énormément choqué, c’est que face au fait qu’on n’ait pas véritablement de traitement – parce que le panadol est une médication symptomatique, qui ne traite pas la cause – nous n’avons pas su ou voulu écouter des experts reconnus, qui, dans leur sphère d’activité, exprimaient le fait qu’il pourrait y avoir de bons résultats avec l’hydroxychloroquine (HCQ). Je n’ai pas compris pour quelles raisons ce médicament bien connu, peu coûteux, n’a pas été prescrit largement au début de la maladie. Au pire, nous aurions constaté qu’il était dénué d’effet.
Il y a eu tellement d’obstacles pour empêcher le professeur Raoult de faire la preuve de l’efficacité du traitement – la réalité clinique qu’il constatait lui-même ne suffisant apparemment pas, alors que sa crédibilité aurait dû nous inciter à l’écouter. Il y a plus d’un milliard de personnes sur la planète qui utilise l’hydroxychloroquine, qui est aussi bon marché qu’accessible. Au nom de quoi n’a-t-on pas essayé, puisqu’on n’avait rien d’autre à proposer? Je partage son point de vue selon lequel cette situation pourrait représenter un scandale sanitaire. L’avenir nous le dira peut-être
L’absence de traitement et l’évolution imprévisible de cette épidémie accélère la mise à disposition d’un vaccin
Tout donnait l’impression qu’il fallait discréditer l’HCQ par tous les moyens. Jusqu’à cet article totalement fallacieux dans The Lancet. Ce papier a eu des conséquences, il a servi de levier pour arrêter des études en cours, dans lesquelles l’hydroxychloroquine était intégrée. La retirant, on empêchait du même coup de se rendre compte de son efficacité.
Après, on a cessé de fournir l’IHU de Marseille, de manière à ce que Raoult ne puisse plus démontrer son utilité puisqu’il n’en n’avait plus. On a clairement voulu lui retirer les moyens de faire la démonstration de l’utilité de l’hydroxychloroquine.
La réquisition de l’HCQ limite l’accès à un traitement potentiellement efficace et remet en question la notion de liberté thérapeutique des médecins, notamment pour les médecins hospitaliers, inscrite dans leurs CCT et pour laquelle je me suis battu. Accepter l’interdiction faite au médecins dans les hôpitaux public de prescrire de l’HCQ, c’est ouvrir la brèche et admettre que les règles institutionnelles et étatiques dépassent le cadre des valeurs fondamentales de l’exercice médical. C’est inacceptable.
En tant que médecin et spécialiste du milieu hospitalier, pensez-vous que la cabale contre Raoult peut trouver ses fondements dans une éventuelle guerre d’égos?
L’absence de bonne volonté à collaborer cache parfois des problèmes relationnels et affectifs. Toute activité humaine fonctionne avec cette composante. Sa personnalité a peut-être braqué les gens. Le débat politique entre Marseille et Paris a probablement joué aussi. Remettre en question ce que disaient tous ces experts nommés en haut lieu, c’était un crime de lèse-majesté.
En ce qui me concerne, j’accorde davantage de crédit à un homme qui prend le risque d’affronter des pressions et de perdre son poste pour pouvoir continuer à soigner ses patients comme il pense qu’il est juste de le faire, plutôt qu’à des médecins qui semblent avant tout préoccupés à par l’idée de garder leur poste et celle de soulager leurs sponsors.
Si on arrive à démontrer explicitement que l’hydroxychloroquine réduit de moitié le nombre de personnes qui vont en soins intensifs, certains vont devoir répondre de leurs décisions. Sans parler des décès qui auraient pu être évités. Des comptes vont devoir être rendus.
Vous qui êtes impliqués dans différentes sociétés rassemblant des médecins, quel sentiment avez-vous de l’état d’esprit de ceux qui vous entourent?
Le peu de réactivité et d’esprit critique des médecins qui m’entourent est, pour moi, l’objet d’une grande interrogation. Il y en a quelques-uns, heureusement, qui alimentent la discussion ou qui s’interrogent, mais il y en a peu. Je ne m’explique pas pourquoi. Je crois qu’une partie des médecins, comme beaucoup de monde dans la société, suivent ce que disent les experts. Certains ont l’esprit critique et commencent à chercher des informations hors des sentier battus et rebattus. Cela vient très progressivement et tous les médecins ne se sentent pas légitimes à remettre en question les décisions, censées venir de gens qui ont des compétences pointues.
Je pense qu’on peut expliquer une bonne partie du silence de certains experts par les difficultés à faire la part des choses dans cette problématique compliquée et parce que les pressions qui s’exercent sur eux pour emboiter le pas de la politique sont énormes. L’attitude ambiguë de Claire-Anne Siegrist est pour moi révélatrice. J’ai beaucoup de respect pour elle, en tant que vaccinologue, pédiatre, à l’expertise incontestable. Mais j’ai été interpellé par son positionnement lors d’une interview concernant le vaccin.
Elle a exprimé quelques critiques sur les étapes de validation. Elle a dit que c’était dangereux, prématuré de mettre ce vaccin à disposition de la société, que les risques n’étaient pas encore bien évalués, que la validité n’était pas encore avérée. Elle a émis des doutes. Ensuite, elle a dit qu’elle attendrait de voir comment les choses évolueraient avant de se faire vacciner. Cela signifie qu’elle ne bloquera pas le processus en route, qu’elle ne le fera pas ralentir, qu’elle attend d’avoir davantage de recul. Autrement dit, elle attend de voir si des problèmes apparaissent. Ethiquement, cette attitude me paraît contestable.
Il faut habituellement cinq ans pour faire un vaccin. C’est la première fois qu’on va si vite. C’est la première fois qu’on passe des étapes capitales dans la conception d’un vaccin. Je ne fais pas une confiance aveugle à des firmes qui ont un tel intérêt financier, surtout dans le contexte liant par exemple la fondation Gates, via GAVI, qui est sa partie vaccinale, Swissmedic et la Confédération. Donc j’attends de Mme Siegrist qu’elle ait une attitude plus ferme sur ces positions et qu’elle demande un moratoire indispensable pour assurer la sécurité.
Avec les récentes dispositions concernant l’assouplissement de prescription de l’HCQ en Italie notamment – et la reconnaissance de son efficacité – l’apparition de molécules comme l’Ivermectine, il devrait être possible de contrôler les besoins d’entrée de patients dans les unités de soins intensif et donc, résoudre ce problème majeur à l’origine de l’engouement pour les vaccins.
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