Drôle de Noël en vérité : d’abord, jamais depuis longtemps son sens profond, sacré, essentiel, n’aura été aussi piétiné et violenté.
Le déchaînement des forces perverses est à son acmé, sans doute dicté par un agenda périlleux. Devant l’effondrement de la fiction du « vaccin-sauveur » (« il est né le divin vaccin, sonnez hautbois résonnez musettes » ?..) et la révélation des fraudes à l’appui de sa commercialisation, les gouvernements semblent embarqués dans une fuite en avant où comme le souligne Eric Verhaege dans son Courrier des stratèges, ils jouent en réalité leur survie : la somme de mensonges, de manipulations, de malveillances et même de crimes perpétrés depuis 2 ans vaut son poids de mise aux fers pour les (ir)responsables acteurs de cette ignominie.
Leur seule chance pour passer l’épaule est de faire le forcing et voilà donc la France partie comme un missile fou vers la cible du passe vaccinal. Tout ceci reste inquiétant, mais commence tout de même à sentir le roussi pour les concernés…
Le deuxième effet d’étrangeté tient au reniement par l’Occident de son héritage spirituel. On a entendu comment la Commission européenne souhaitait imposer de ne plus mentionner le mot de Noël à l’occasion des fêtes de fin d’année. Certaines autorités locales sont peu en reste, déboulonnant les statues en lien avec le christianisme (comme celle de St-Michel aux Sables d’Olonne). Un comportement digne des talibans afghans dynamitant de somptueux bouddhas de pierre laissée là par l’histoire.
Un anthropologue ne saurait aborder le fait religieux sans un recul conceptuel auquel le forme sa discipline : chaque culture a produit ses formes religieuses, les plus redoutables étant peut-être celles issues des idéologies athées. Il y avait par exemple dans le monde communiste une réelle religiosité (celle du grand soir et du paradis des travailleurs), laquelle, privée d’un socle spirituel authentique, n’en a que plus redoutablement basculé dans le fanatisme.
Car il y a dans toute tradition religieuse authentique trois pôles : le premier est un pôle social, par lequel les individus et les groupes sociaux attestent de leur appartenance à une communauté par le partage des croyances et des rites. Pendant longtemps sous nos latitudes, ne pas aller à l’église le dimanche vous séparait de la communauté et de l’idéologie dominante qui y prévalait. S’y faire voir permettait de s’afficher comme conforme et donc intégré.
Le second pôle est moral : chaque religion codifie des valeurs principielles et des « codes de conduite ». Le catholicisme a excellé dans le fait de prévoir des rachats des inconduites sans exclure les pécheurs de la communauté, il n’en reste pas moins : le propre de la religion est de s’immiscer (en les réglant) dans les détails de nos vies exactement comme la dérive pseudo-sanitaire le fait actuellement. Le propre du pôle moral étant le risque de déraper dans l’intégrisme et donc le fanatisme totalitaire. Le covidisme actuel est bel et bien une religion intégriste.
Le troisième pôle enfin est le pôle spirituel ou mystique. Celui par lequel des formes symboliques et des pratiques psycho-spirituelles sont rendues disponibles pour soutenir une ouverture de la conscience. Il convient de relever que les formes sociales et morales (et donc politiques) ont toujours été assez suspicieuses quant au pôle mystique. Car celui-ci contient le germe de la négation de la supériorité de toute tradition.
Les spirituels de nombreuses religions l’ont exprimé sous la forme de cette métaphore : la spiritualité serait le point culminant d’une montagne dont les versants sont les religions. Dans cette « optique », pas de prétention de détenir LA vérité ni de prosélytisme possible. On en a eu l’exemple avec cette parole maintes fois répétée du Dalaï-Lama aux Occidentaux intéressés par le bouddhisme, les invitant à se tourner plutôt vers leur propre héritage chrétien comme chemin vers l’Absolu.
Dans mes explorations avec Mark Robert Waldman (lequel a mené de passionnantes recherches avec le Pr Andrew Newberg de l’Université Thomas Jefferson de Philadelphie, fondateur de la « neuro-théologie ») j’ai trouvé les confirmations neurologiques de cette profonde intuition : ayant travaillé en imagerie cérébrale avec des médiums brésiliens, des moniales franciscaines, des soufis et des lamas tibétains, Newberg et Waldman ont observé que c’étaient les mêmes réseaux neuronaux et les mêmes aires cérébrales qui étaient impliqués, quelles que soient les croyances et les pratiques concernées.
En d’autres termes, peu importe la tradition (le chemin) employé, ce sont les valeurs fondamentales et les pratiques fondées sur l’intention qui comptent.
Ayant publié un livre séminal (« How God changes your brain – Comment Dieu change votre cerveau« , jamais traduit en français), Newberg et Waldman ont observé que le concept de Dieu (que l’on soit croyant, agnostique ou athée) est toujours personnel et singulier.
Alors que le premier est agnostique et le second athée, ils ont constaté avec amusement que leur livre faisait un carton chez les croyants (qui pensaient y trouver la confirmation que le cerveau humain est configuré pour croire en Dieu) aussi bien que chez les athées (trouvant quant à eux que cela démontrait que Dieu n’était qu’une projection imaginaire du cerveau)…
La réalité pertinente observée étant celle reliant les différentes traditions avec les valeurs fondamentales. Celles-ci dépendent de réseaux neuronaux qui sont aussi ceux qui soutiennent la conscience de soi (réflexivité) et des autres (conscience sociale, éthique et empathie). En d’autres termes, lorsque la religion cesse de n’être qu’un paramètre identitaire (social et moral), elle a vocation de favoriser le développement d’une conscience accrue de soi et des autres, portée par la contemplation des valeurs fondamentales propres à notre humanité.
Mark Waldman aime à raconter une expérience éclairante qu’il a vécue lors d’un congrès inter-religieux réunissant des protestants et des catholiques, des bouddhistes, des juifs orthodoxes et libéraux, des musulmans, des hindous, des agnostiques et des athées. Se promenant dans la salle un micro à la main, il a invité le public à méditer quelques instants sur les valeurs fondamentales les plus importantes que chacun pouvait laisser venir à son esprit.
Puis, questionnant des participants au hasard sont apparues celles que l’on retrouve le plus souvent : la bonté, le respect, la compassion, la tolérance, l’écoute, l’amitié, la famille, l’altruisme, la dignité, la bienveillance, la joie. A ce moment-là, il était devenu totalement impossible de distinguer entre les différents groupes : tout le monde se retrouvait dans ces valeurs fondamentales partagées, indépendamment d’une quelconque appartenance. C’est évidemment cela la vraie religion humaine, quelles que soient nos convictions ou absences de conviction.
Cette question est si importante que je vais (enfin) développer en 2021 un programme neuro-éducatif en ligne intitulé « Neuro-spiritualité, comment vivre dans la paix et la joie avec ou sans Dieu » dont je caressais le projet depuis quelques années.
Dieu sait si nous en avons besoin en ces temps où notre humanité et nos valeurs essentielles sont mises à mal par une opération planétaire destructrice de ces valeurs ! Le goulet d’étranglement collectif constitué par cette tragique épreuve pouvant être celui conduisant d’un monde fou et déshumanisé en fait depuis longtemps à un monde qui soit enfin aligné sur cette valeur de dignité infinie enfouie au plus profond de chaque être humain.
En attendant de voir ce que l’avenir nous réserve, et puisque le christianisme bien sûr regorge lui aussi de trésors spirituels et mystiques, c’est une joie pour moi que de partager ce petit texte de l’abbé Maurice Zundel disant tant sur ce Noël – dont la vocation est de nous émerveiller face à l’essentiel – quelle que soit notre religion ou absence de religion !