La question de la fraude et de la corruption au sein des politiques de santé, dont je me prévaux sans fausse modestie d’être un des bons experts actuels, est centrale à la compréhension de la gestion désastreuse de la pandémie de Covid-19. Je n’ai aucun mérite particulier quant à cette compétence : détestant l’injustice, la malhonnêteté et par-dessus tout la crapulerie institutionnalisée, cela faisait 15 ans que je rassemblais patiemment les ressources documentaires (foisonnantes) à ce sujet.
Je l’ai souvent relevé : alors qu’il s’agit d’un des problèmes (graves) les mieux documentés, paradoxalement reconnu par toutes les instances qui comptent dans le domaine, les responsables politiques et médicaux comme les « journalistes » sont frappés d’amnésie à chaque flambée de corruption. Singeant alors le fameux singe : « je n’ai rien vu, je n’ai rien entendu et je ne parlerai pas ». Ce qui donne au passage une idée assez précise de la confiance qu’on peut leur accorder.
Imaginez : les mêmes « journalistes scientifiques » qui couvrent les scandales sanitaires à répétition (comme le Mediator, le sang contaminé ou le Vioxx) au long des années, qui pondent par beau temps des papiers relevant la systématicité des conflits d’intérêts tout au long de la chaîne d’autorisation, de recommandation et de prescription, les voilà tout soudain, alors que de nouvelles inconduites criminelles font rage, garder la tête plantée dans le sable en une sorte de coma intellectuel et moral.
La fraude et la corruption aujourd’hui infestent et pourrissent tous les pouvoirs et systèmes concernés : gouvernements et agences de santé, revues et comités « scientifiques », hôpitaux universitaires et sociétés médicales, parlements et partis, mass médias évidemment, mais aussi justice, influenceurs et syndicats. Le tableau est holistique – c’est pour cela que l’on parle (il s’agit de l’expression consacrée) de « corruption systémique » : elle est devenue le mode par défaut de ces « élites ».
Les lectrices et lecteurs intéressés découvriront prochainement sur cet espace une série de contributions consacrée à ce grave et douloureux sujet, dans la foulée des colloques organisés récemment à Lisbonne et Peyrolles-en-Provence.
Des experts au fait de ces réalités et n’ayant (contrairement aux autres) pas d’intérêts à les dénier ont rassemblé les preuves écrasantes des inconduites en la matière comme de la duplicité lamentable des autorités médico-politiques. Passant en revue tour à tour les fraudes statistiques relatives au Covid, les fraudes mathématiques et scientifiques dans la pseudo-recherche, les fraudes dans l’enseignement et la pratique médicale, les fraudes dans la politique « vaccinale », la fraude philosophique et éthique, la fraude journalistique, la fraude judiciaire et enfin bien sûr la fraude désormais endémique au sein des systèmes de santé.
Tout fin connaisseur de ces réalités que je sois par la force des choses, je dois en toute bonne foi m’incliner devant la vastitude et la précision de l’expertise du Dr Michel Cucchi. Celui-ci, docteur en médecine spécialisé en biologie médicale et docteur en sociologie mais aussi cadre hospitalier, nous a gratifiés au Conseil scientifique indépendant de deux analyses absolument magistrales – la première portant sur la première gestion désastreuse de la crise H1N1 (- nous reviendrons prochainement sur le seconde, portant sur les biais dans les études relatives aux « vaccins » anti-Covid).
- Pour voir CSI n°46 du 7 mars 2022 « »Gestion de la grippe H1N1, l’industrie du médicament et la décision publique » : cliquer ici.
Il vient par ailleurs de publier aux éditions Marco Pietteur un livre intitulé « INFLUENCE & PANDÉMIES, Expériences hasardeuses et tentations autoritaires » qui est une véritable somme. Tout professionnel ou penseur honnête intéressé à ces questions sera avisé de s’y plonger : c’est de la très belle ouvrage, avec une pertinence et une précision dans l’analyse ainsi qu’une somme de références documentaires spectaculaire. Ce livre constitue un véritable ouvrage de référence dans la perspective d’une défense de l’intégrité de la décision publique -tellement mise à mal depuis trois ans et, au-delà, quelques décennies. En voici la présentation :
« Partout dans le monde, la prévalence de l’intérêt public sur celui de quelques-uns est remise en question, au point que nous ne parvenons plus à traiter nos problèmes vitaux fondamentaux de façon efficiente. La gestion de la pandémie de covid n’a pas échappé à cette malédiction, avec des avis, des recommandations et des décisions étranges de la part des autorités publiques qui n’étaient cohérents ni avec l’intérêt général, ni avec l’état de la connaissance scientifique. A quelle cohérence, à quelles influences cette série de décisions pouvait-elle correspondre ? Pour ouvrir cette question au débat et tenter de préserver l’intégrité de la décision publique, nous avons moins besoin de trouver des coupables que de cerner de quelle manière ces influences parviennent à s’immiscer dans les institutions et conduire à une décision dégradée.
Les faits et événements traités dans cet ouvrage s’inscrivent dans la période des trente à quarante dernières années marquées par la financiarisation de l’économie et par l’implication croissante des services de défense et de sécurité dans le champ de la décision sanitaire publique. Dans une première partie, nous identifions deux influenceurs principaux, l’industrie du médicament et le complexe militaro-industriel, les multinationales du conseil et le philanthrocapitalisme étasunien apparaissant comme les vecteurs de leurs influences mêlées. Dans une seconde partie, nous nous attachons à leurs modes d’influence, de la corruption des organisations professionnelles à la manipulation de l’autorité scientifique, qui conduisent à une capture efficace de la décision publique. La troisième partie s’attache à décrire de quelle manière les infl uenceurs sont parvenus à cette capture dans le champ le plus important de la santé mondiale, celui de la lutte contre les pandémies.
Devant les difficultés considérables qui s’annoncent, nous avons d’abord besoin d’institutions opérationnelles. Restaurer leur intégrité et celle de la décision publique est une condition préalable au succès de toutes les politiques et stratégiques publiques que nous pourrons imaginer. »
Avec leur aimable accord (dont je les remercie chaleureusement), MM. Cucchi et Pietteur ont accepté que je partage avec les lectrices et lecteurs de ce blog l’introduction de cet ouvrage ainsi qu’un chapitre essentiel consacré aux modes d’influence sur la décision publique, que vous trouverez en fichier pdf en bas de page. A connaître et à faire connaître tant l’intelligibilité que fournissent ces analyses aident à comprendre ce à quoi nous nous affrontons et entretiennent la juste motivation à les dénoncer !
Ce blog connaitra par ailleurs une nouvelle évolution dont je vous entretiendrai prochainement. Mais place sans tarder à la salutaire intelligence des choses…
INFLUENCE & PANDÉMIES, Expériences hasardeuses et tentations autoritaires
par Michel Cucchi, aux éditions Marco Pietteur
Introduction
« Les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple […] permet un jour que des banques privées contrôlent sa monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession ». Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont exhumé ce texte de Thomas Jefferson, le troisième Président des Etats-Unis, pour illustrer leur étude de L’Argent sans foi ni loi et des dispositifs par lesquels « une petite oligarchie s’attribue l’essentiel des revenus » au prix de la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre.
L’influence de l’argent sur l’intégrité de la décision publique est d’ailleurs loin de se limiter aux seules institutions bancaires, ainsi qu’en témoigne la situation que le président démocrate Franklin D. Roosevelt a dû affronter lors de son accession à la Maison Blanche en 1932, une situation qu’il décrit dans son dernier discours en vue de sa réélection en 1936 : « Le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre […] avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant [après la crise financière de 1929] qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé ».
L’influence de l’argent sur la décision publique n’est pas non plus le seul à devoir être considéré. Le pouvoir accumulé par quelques-uns et leurs efforts soutenus pour le conserver entrent aussi en ligne de compte. A la suite de la publication de l’ouvrage fondateur du sociologue Charles Wright Mills en 1956, L’élite au pouvoir ou du pouvoir, selon les traductions possibles, c’est au tour du président Eisenhower de nous mettre en garde, à l’issue de son unique mandat de président des États-Unis : « Nous ne devons jamais laisser le poids du complexe militaro-industriel mettre en danger nos libertés ou nos processus démocratiques. […] Nous devons également être attentifs au danger égal et opposé que la politique publique puisse elle-même devenir la captive d’une élite scientifique et technologique ».
Avec l’expansion financière incontrôlée des années 1990, nous assistons au retour de la confusion entre les affaires publiques et privées et à la captation des systèmes de décision publique au bénéfice d’un petit nombre d’oligarques, des nouveaux « barons-voleurs» qui auraient intégré dans leur cartel les seigneurs de la guerre et de l’ordre public. Leur capacité de façonner la décision collective à leur profit met en péril, d’une part, l’exercice de la souveraineté des peuples, et d’autre part, la confiance du citoyen dans l’action publique. Ni l’un ni l’autre ne peuvent tolérer qu’il existe au sein des institutions des modes d’exercice du pouvoir reposant sur des arrangements auxquels la société civile n’aurait pas accès – l’existence de telles règles tacites n’étant que la traduction d’une forme nouvelle de servitude.
Ce mouvement de concentration oligarchique a bien entendu pénétré le domaine de la santé, ses industries comme ses processus de décision. L’ouvrage que vous tenez entre vos mains propose une compréhension des chemins par lesquels les intérêts particuliers se sont imposés au cours des deux pandémies déclarées au XXIe siècle. Deux batailles remportées par l’oligarchie contre la science, contre la démocratie et contre l’intérêt général. Nous voulons ainsi inciter nos concitoyens à se saisir urgemment de ces questions vitales. Si nous devions tolérer un tel noyautage de nos institutions sans réagir, il serait à craindre que la pression de la désinformation et du dénigrement organisés s’accroisse tandis que les moyens de revenir à une décision publique intègre s’amenuisent, au détriment de notre santé et de la permanence de nos institutions. Or, devant les difficultés considérables qui s’annoncent pour préserver notre santé comme l’inspiration démocratique de nos sociétés, nous avons grandement besoin d’institutions robustes et opérationnelles. Restaurer leur intégrité et celle de la décision publique est une condition préalable au succès de toutes les politiques et stratégies publiques que nous pourrons imaginer.
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Début du chapitre « Les modes d’influence sur la décision publique »
(texte complet en bas de page)
Sur un fond de corruption « ordinaire», nous avons vu que les industries du médicament exercent une influence directe sur le fonctionnement interne des institutions de santé, induisant une corruption systémique s’étendant de la production de connaissances à la prescription médicale en passant par l’enseignement, la communication scientifique, l’organisation de conférences, la médiatisation des connaissances, les carrières et la surface médiatique des leaders ainsi asservis.
A un niveau plus élevé de la décision publique, les méthodes d’influence doivent être plus « professionnelles» pour parvenir à des objectifs plus élevés, tels que le recrutement de l’autorité scientifique à des fins de défense d’intérêts particuliers, le contournement méthodique des réglementations, l’imposition du silence sur leurs conséquences délétères, le sabotage du débat public, etc. Selon Omar Tello, procureur et coordinateur des bureaux anticorruption au Pérou, un des pays où le mal est des plus préoccupants, « le problème n’est pas uniquement des achats chers, mais de mauvais achats. Le plus préoccupant est l’achat d’équipements inutiles, comme du gel qui n’a pas le degré d’alcoolisation suffisant pour combattre le virus ou des masques qui ne protègent pas ». Ou des médicaments, des vaccins, etc. Le Dr Philippe Foucras ne dit pas autre chose en 2011 à propos de conflits d’intérêts au sein des institutions sanitaires de la République française (ici, la Haute autorité de santé) : « ce n’est pas une question de morale des experts, mais de facteur de risque de mauvaise information et de mauvais soins ». Il faut enfin parvenir à imposer à la population les contreparties délétères qui pèseront sur elle en termes d’altération des pratiques et de dégradation du service de santé tout en limitant la détérioration de la confiance des patients qui pourrait compromettre la continuité des affaires, ce qui impose une maîtrise des techniques de fabrique du consentement.
Nous examinons ci-après quelques modes privilégiés d’influence sur la décision publique: la corruption des institutions et des organisations professionnelles, la manipulation de l’autorité scientifique, enfin la capture de la décision publique.
La corruption des institutions et des organisations professionnelles
L’industrie du médicament est devenue un groupe de pression omniprésent, versant des sommes gigantesques bien au-delà des seuls acteurs du système de santé: aux agences gouvernementales, aux sociétés savantes et à leurs « honorables correspondants», enfin aux leaders d’opinion à son service.
Achat de la crédibilité scientifique
Les sommes faramineuses placées dans le lobbying servent d’abord à acheter les scientifiques des National Institutes of Health. Selon Adam Andrzejewski, ces derniers ont perçu plus de 350 millions de dollars de l’industrie du médicament entre 2010 et 2020, une industrie que ces scientifiques sont censés réguler, chaque commission étant susceptible de constituer un conflit d’intérêts. Des dizaines de millions de dollars sont ainsi versés chaque année par l’industrie pharmaceutique, notamment à Anthony Fauci (23 commissions), au directeur des NIH, Francis Collins (14 commissions) et à l’adjoint de Fauci, Clifford Lane (8 commissions). Le mécanisme est particulièrement pervers : lorsqu’un médicament arrive sur le marché, « le scientifique du NIH qui a travaillé sur son développement a droit à une revendication de brevet sur ce médicament… Ainsi, la société pharmaceutique qu’il est censé réglementer le rétribue chaque fois qu’un médicament est vendu ». Adam Andrzejewski appelle cet arrangement « une alliance impie ». En 2005, The Associated Press avait mis en évidence des flux plus modestes: 9 millions de dollars par an pour 918 scientifiques, soit 9’800 dollars par scientifique cette année-là. En mai 2022, les flux dévoilés sont bien plus conséquents: ce sont désormais 1700 scientifiques qui ont reçu 134 millions de dollars entre septembre 2009 et septembre 2014, soit une moyenne annuelle de 15’800 $ par scientifique. Ainsi, demande Adam Andrzejewski, « Lorsqu’un bureaucrate fédéral apparaît à la télévision pour nous donner des instructions sanitaires, qui les a payées, pour quelle recherche et pour quelle technologie? Lorsqu’un patient accepte un essai clinique ou un traitement expérimental, quels sont les intérêts financiers en jeu ?».
Financement des sociétés savantes et de leurs membres
D’une façon générale, les sociétés savantes ont des liens d’intérêt puissants avec l’industrie du médicament. En France, selon le site EurosforDocs, la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) par exemple a perçu 758’300 € de l’industrie depuis 2012, dont 80’000 € de Gilead et 10’000 € d’Abbvie (contre 156’000 € de MSD, 130’000 € de Johnson&Johnson, 120’000 € de GSK). Leurs ressources ne proviennent pas des cotisations, mais des enseignes qui sponsorisent les congrès. « Nous travaillons effectivement avec l’industrie pharmaceutique. Mais ce n’est pas une honte, il est indispensable qu’il y ait des collaborations entre les médecins, qui ont besoin de nouveaux traitements pour les patients, et les laboratoires. C’est la règle partout dans le monde », répond Pierre Tattevin au soupçon de conflit d’intérêts.
Ces financements sont-ils de nature à influer sur le positionnement des médecins adhérents de la SPILF? Il apparaît par exemple que de nombreux médecins qui se sont prononcés contre la chloroquine ou l’hydroxychloroquine, publiquement ou dans divers cénacles, ont des liens d’intérêts avec des labo- ratoires ayant des projets de valorisation du traitement du covid, notamment Gilead Sciences (l’hydroxychloroquine est le concurrent le plus sérieux de la molécule promue par Gilead, le remdésivir). Cette enseigne a financé 97 des 114 membres du Collège des universitaires des maladies infectieuses et tropicales (CMIT), sous forme de rémunération (comme des prestations de formation) et d’avantages en nature (hébergement, transport, repas lors de congrès scientifiques ou de réunions diverses, défraiements divers), davantage que « l’influenceur traditionnel» (Sanofi). Ces sommes ne sont naturellement pas déboursées en vain: elles influent sur le positionnement public de ces médecins quant aux bénéfices et risques éventuels des produits promus par ces enseignes.
Selon Yannis Roussel et Didier Raoult [86], celles-ci ont déboursé 4’603’098 € entre 2013 et 2019 en avantages au bénéfice des 98 médecins recensés au sein du Collège des Universitaires des Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT). Le laboratoire Gilead a dépensé 678’527 €, soit une moyenne de 6 924 € par médecin, et il existe une stricte corrélation (p=0,017) entre la position de ces médecins envers l’hydroxychloroquine et les avantages accordés sur la période 2013-2019 : sur les 13 médecins n’ayant perçu aucun avantage, 7 sont « très favorables» à l’hydroxychloroquine, 1 « favorable», 1 « neutre», 4 ne se sont pas exprimés. Parmi les 13 médecins ayant perçu les plus gros avantages, 6 sont « très défavorables», 1 est « défavorable», 3 « neutres» et 3 ne se sont pas exprimés.
La Collaboration Cochrane est fondée en 1993 par des scientifiques bri- tanniques et scandinaves pour lutter contre la corruption de l’industrie du médicament, alors déjà omniprésente. En 2021, 53 institutions et 30’000 chercheurs y collaborent de façon volontaire et gracieuse pour examiner les données produites par l’industrie en se fondant sur « la médecine fondée sur les faits (ou la preuve) » (evidence based medicine) dans une perspective de conseil des autorités en charge de la réglementation et du contrôle. Grâce à l’un de ses co-fondateurs, le Professeur Peter C. Gøtzsche, l’Union européenne a l’obligation de rendre publiques les données à partir desquelles l’au- torisation de mise sur le marché d’un médicament est accordée (jusqu’alors, ces données étaient couvertes par le secret commercial).
Cependant, comme l’exprime Didier Raoult, « la Cochrane Library est deve- nue une cible, elle aussi. Dès que quelque chose a une audience suffisante, ça devient une cible du marketing» [18, volume 2, 202]. Sous l’impulsion de son P-DG, Mark Wilson, la Collaboration Cochrane s’engage à partir de 2012 selon les termes du journaliste Stéphane Foucart – dans « une stratégie de marque, à la recherche de nouveaux financements » visant à « monnayer sa crédibilité scientifique ». En septembre 2016, elle perçoit un don de 1,15 million de dollars de la Fondation Bill et Melinda Gates109, et les prises de position de Peter Gøtzsche, assimilant notamment l’industrie du médicament au « crime organisé » , apparaissent incompatibles avec cette nouvelle « stratégie de marque ». De plus, il publie un article critiquant une forme de complaisance de la Collaboration Cochrane à l’égard des vaccins contre le papillomavirus (placebos contenant des adjuvants, auteurs présentant des conflits d’intérêts, etc.), une publication suivie le 3 septembre d’une justification laborieuse de « Cochrane» (un nom plus conforme à la nouvelle « stratégie de marque»). Dix jours plus tard, le 13 septembre, Gøtzsche est exclu non seulement de la direction mais de l’organisation pour des faits mal établis mais dont il ressort que ses prises de position « discréditent » l’organisation. Mais la réputation d’intégrité de Cochrane s’effiloche et les subventions fondent, entraînant une dépendance de plus en plus forte à l’égard d’une poignée de financeurs: les gouvernements britannique, danois et allemand, ainsi que les NIH111. Mais le gouvernement britannique annonce en août 2019 qu’il cesse ses subventions en mars 2023, lesquelles couvrent 21 des 52 groupes de relecteurs (reviewers), tandis que le maintien de la subvention danoise apparaît comme un héritage de Gøtzsche.
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