La mauvaise santé de la médecine protocolaire
par Christian Ferrié, docteur en philosophie et en sciences politiques, auteur de La politique ou la guerre ? (2021) et du Mouvement inconscient du politique (2015).
(Cet article constitue la postface de l’essai publié hier sur ce site, intitulé « Misère de l’anticomplotisme« ).
Pendant deux années, nous avons subi de manière autoritaire des mesures sécuritaires en matière sanitaire au lieu de pouvoir bénéficier d’une politique de santé digne de ce nom. La politique en a pâti tout autant que la santé. Les conséquences directes et les effets secondaires des mesures liberticides en matière de santé (interdiction de soigner, confinement, obligation vaccinale, etc.) et sur le plan politique (autoritarisme de l’exécutif, censures en tout genre, commissions ad hoc, etc.) doivent être analysées en corrélation avec le dispositif de soumission des corps et des esprits qui a été mis en place au niveau national, en suivant des directives internationales émanant de l’OMS et/ou de la Commission européenne. Il ne faut pas se leurrer sur une prétendue spécificité nationale, celle par exemple en France de la gestion de la crise par un hyper-président s’appuyant sur un Conseil de défense sanitaire et un ministre de la Santé omniprésent : ce sont des variations locales dans l’application d’une stratégie globale de bio-sécurité qui font l’objet, sinon d’un consensus mondial, du moins de concertations internationales.
Ce furent en Europe deux années de déni de démocratie et de manipulation des esprits par une propagande orchestrée sans vergogne par un conglomérat rassemblant pouvoirs publics, industrie pharmaceutique et géants du numérique. On commence à entrevoir l’ampleur des manœuvres entreprises en particulier pour censurer toute contestation, par exemple à travers les Twitter Files qui révèlent notamment les interventions de Pfizer… Il n’y a pas de complot mondial, mais il y a bien une conspiration d’intérêts ou plutôt diverses conspirations d’intérêts qui convergent de manière efficiente dans le sens d’une stratégie systémique de soumission de la population à ladite gouvernance mondiale. C’est la conclusion tirée par La misère de l’anti-complotisme. Jean-Dominique Michel me propose de rééditer ce petit essai publié sur mon site au moment de l’instauration du pass sanitaire en France (sept. 2021) : le voici donc expurgé de quelques coquilles et amendé sur quelques points de détail ! J’ai accepté l’honneur que me fait Jean-Dominique Michel avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il fut, au début de la covid-mania, un des premiers à alerter le public de manière substantielle sur le processus en cours, confortant les impressions des néophytes en matière d’anthropologie de la santé par des contributions extrêmement éclairantes et excellemment documentées.
Pour sa part, La misère de l’anti-complotisme (sept. 2021 vs février 2023) propose une analyse critique des tenants et des aboutissants de la doctrine officielle de l’anti-complotisme qui a servi de colonne vertébrale à la propagande de masse et à la dénonciation polémique des opposants aux mesures imposées à la population lors de la crise politico-sanitaire du Covid. Soumis à un chantage inédit de la part des autorités politiques et médicales, des masses de gens ont cédé à la pression et se sont fait vacciner, de mauvais cœur ou de bon cœur, abusés par la litanie sur la solidarité, une multitude de jeunes gens qui n’avaient rien à craindre du virus se sont laissé faire. Des parents bien intentionnés et bien mal informés ont même autorisé que la protéine spike soit inoculée à leurs enfants, parfois très jeunes. Il faudra faire le bilan de cette stratégie de vaccination de masse en évaluant ses conséquences à plus ou moins long terme sur la santé (décès, myocardites, affaiblissement des systèmes immunitaires, etc.) et analyser les effets sur l’activité professionnelle (profonde fatigue, arrêts maladie, etc.). Il faudra bien en reconnaître l’inefficacité au regard du fait que des personnes vaccinées font des covids à répétition… De surcroît, il faudra chiffrer l’impact sur le budget de la sécurité sociale non seulement des stratégies de vaccination et de dépistage massifs, mais encore de l’ensemble des mesures sanitaires sur la santé mentale, depuis les violences conjugales et incestueuses commises lors du confinement de mars 2020 jusqu’aux suicides d’enfants en passant par la dépression latente et la démobilisation scolaire d’une partie conséquente des jeunes générations depuis quelques années. Il convient d’analyser le Tournant qui vient de se produire sous nos yeux, effarés. Qu’en est-il au niveau politique ?
Ce tournant global de l’époque s’inscrit dans la logique systémique d’un processus polémique. Pour notre malheur, il nous aura été donné de vivre les prémices de l’établissement d’un nouveau monde à l’échelle mondiale : une société bio-totalitaire au service du grand capital des multinationales de l’industrie pharmaceutique et de l’agroalimentaire génétiquement modifié, sans parler de l’arsenal bio-chimique (et des drogues en tout genre), et ce avec la complicité des États soumis par l’entremise des organisations multilatérales comme l’Union européenne, l’Organisation mondiale de la santé ou… le Forum de Davos !
La dystopie s’accomplira dans le monde entier si et quand se produira une synergie entre la biotechnologie en charge des questions d’alimentation ou de santé, les technologies du biocontrôle en charge des questions de sécurité (sur le modèle de ce qui est pratiqué en Chine, expérimenté dans le golfe persique et en projet pour les jeux olympiques de 2024 à Paris) et les géants de l’économie numérique convertis dans le contrôle de l’information. Il faut être lucide, alors que nous sortons à peine, en Europe, du cauchemar organisé par les autorités politico-sanitaires autour de la circulation du coronavirus Sars-Cov-2 et que cela continue ailleurs, par exemple au Brésil. Le processus de soumission de la population à la panique virale n’aura été interrompu, du moins en Europe, qu’en raison des effets d’un autre désastre : la guerre en Ukraine, dont il conviendrait d’analyser les mots et les maux (voir mon billet du 15 mars 2023). Ce sont principalement les effets d’ordre économique, en particulier au niveau énergétique, qui ont déplacé le dispositif de contrôle exercé sur la population, désormais sommée de modérer sa consommation énergétique. Le processus global qui se met en place va dans le sens d’un contrôle total des mouvements de citoyens assujettis : reconnaissance faciale des individus, géolocalisation de téléphones et de véhicules, analyse des données bancaires, etc. C’est ce processus de soumission que seul un mouvement citoyen peut combattre…
On aura compris sur qui on ne peut pas compter ! Les scientistes de tous crins et de tous bords, y compris marxistes, qui adhèrent au principe d’une stratégie autoritaire de santé publique fondée sur une médecine protocolaire… Ces dogmatiques refusent toute analyse critique des données chiffrées produites par les autorités sanitaires et l’industrie pharmaceutique, alors que ces données récoltées sont logiquement et systématiquement ciblées en vue de la vente des produits dits de santé. Ce n’est pas seulement le cas des tests de réaction de polymérase en chaîne (PCR), c’est également vrai par exemple des analyses sanguines qui ne recueillent que les données exploitables en vue de l’écoulement des médicaments sur le marché. Or les professionnels de santé dont la pratique thérapeutique s’inscrit dans un projet de médecine holistique ont besoin d’autres données, comme le taux de vitamine D ou un bilan martial complet (à trois facteurs au lieu d’un seul). Mais les thérapies alternatives qui visent en particulier la stimulation des systèmes immunitaires n’offrent aucune perspective de profits susceptibles d’intéresser l’industrie biopharmaceutique dont la logique lucrative plaide en faveur de la programmation d’un autre type de médecine.
La médecine protocolaire du futur n’aura plus besoin de médecins pour analyser in vivo les symptômes d’un patient avec lequel il convient de converser : elle ne réclamera plus que des analystes de données de façon à pouvoir prescrire à distance les produits de santé selon des procédures fixées par cette gestion protocolarisée de la santé des malades et des bien-portants. Ce sont les trois moments du programme de bio-contrôle totalitaire des patients assujettis : processus-procédure-protocole. La politique de santé publique est ainsi destinée à disparaître au profit d’un programme technocratique de soumission des patients assujettis à un processus automatisé de procédures rigides fixées par des protocoles bureaucratiques qui contrôlent les comportements sanitaires et prévoient de sanctionner les contraventions aux normes réglementaires. Ce processus en gestation de transmutation d’un objectif médical de guérison en programme sanitaire de protection vient d’être expérimenté à grande échelle à l’occasion de cette crise politico-sanitaire de 2020-2022 qui s’est avérée être bien plus politique que sanitaire. En contrepoint de la stratégie de dépistage par des tests dont la fiabilité est sujette à caution, la première phase du processus consiste à isoler le patient qui se voit refusé tout soin, le principe étant d’exclure a priori toute médication non accréditée par la doctrine édictée par le bio-pouvoir d’État, et ce jusqu’à ce que son état de santé empire au point de recourir in extremis à l’intubation des patients agonisants à l’hôpital. La seconde phase, en lieu et place d’une véritable politique de prévention médicale, consiste à imposer une vaccination massive de la population par le moyen dédoublé d’un dispositif de propagande pour faire pression sur les récalcitrants et de mesures répressives à l’endroit des dissidents. Stigmatisation des non-vaccinés considérés et traités comme des pestiférés ; dénonciation médiatique des opposants, en particulier les professionnels de santé, qui prennent publiquement position ; sanction contre le personnel de santé qui refuse de se soumettre à la doctrine sanitaire. La France aura conservé le triste privilège d’être le dernier pays à maintenir en Europe les mesures punitives contre le personnel de santé non-vacciné et à traîner en justice les médecins qui ont publiquement éclairé la population sur les dangers pour la santé des mesures sanitaires que l’État lui imposait. Les obscurantistes de la Saine Inquisition auront lamentablement participé à cette nouvelle chasse aux sorcières et aux sorciers de la médecine alternative…
Ce n’est pas un cas isolé. La dénonciation des pseudo-guérisseurs dans les rapports annuels de l’observatoire officiel des sectes, qui dénonce les pseudo-médecines autant que les dérapeutes (2021, Miviludes, p. 88-99), atteste d’une doctrine d’État qui programme d’interdire les médecines douces et en déréglemente entretemps le remboursement (homéopathie, etc.), tout en jetant le discrédit – à travers leur présentation officielle sur un site gouvernemental – sur les « pratiques de soins non conventionnelles » que proposent les médecines naturelles, déjugées comme complémentaires (acupuncture, ostéopathie, chiropraxie, auriculothérapie, hypnose, mésothérapie, réflexologie, jeûne à visée thérapeutique, etc.).
On a pu constater que, même en Chine, les mouvements citoyens peuvent freiner et même interrompre le processus de soumission à la doctrine d’État en matière de santé publique. Encore faudrait-il s’émanciper du désir de soumission (2022) à la médecine hétéronome des interventions chirurgicales et médicamenteuses, dont il faudrait faire une diète, pour lui préférer des thérapies axées sur l’autonomie du patient responsable de sa propre santé, prêt sinon à se guérir lui-même – il lui faudrait se former pour y parvenir –, du moins à prévenir les maladies et autres maux grâce à une diététique éclairée et une médecine qui s’évertuerait à stimuler le système immunitaire au lieu de lui imposer vaccins et médicaments en tout genre avec leur lot d’effets secondaires…