C’est une joie pour moi que de partager ici un nouvel article remarquable d’Amèle Debey, qui s’interroge sur la dérive de sa profession au long de l’année écoulée. Et il est vrai que ses confrères qui ont échappé au naufrage de la pensée unique se comptent littéralement sur les doigts d’une main.
Relevons toutefois que les dames ont été plus à l’honneur puisque les plumes et les voix qui ont fait un vrai travail d’investigation et de réflexion critique sont à quelques exceptions près féminines : Catherine Riva et Serena Tinari (de Re-check) pour le volet enquêtes, Amèle Debey et Myret Zaki pour l’analyse et les commentaires, Amaële O’Brien et Judith Monfrini sur la scène radiophonique, autant d’intelligences qui ont su apporter autre chose que le copier-coller de la communication officielle et ne pas se contenter d’aligner bobard après bobard en suivant les ordres ou la pente du moindre effort.
Tout en comprenant l’intérêt de ne pas tirer à boulets rouges sur une profession sinistrée, ma propre critique du naufrage de la presse romande est évidemment autrement plus radicale que celle développée ici par Amèle Debey. Le « ne pas vouloir savoir » et l’ignorance de certaines réalités pourtant abondamment documentées (comme la prégnance des conflits d’intérêts et de la corruption au sein des politiques de santé) sont plus que des maladresses d’un groupe professionnel emprunté face à une réalité complexe : il s’agit de fautes déontologiques graves dont je suis par ailleurs convaincu (le temps nous le dira) qu’elles ont des dimensions pénales.
Quand les médias unanimes répercutent en boucle depuis des mois et des mois des informations fausses, dont elles auraient le moyen avec un travail de vérification minimal de savoir qu’elles le sont, et qui terrorisent et traumatisent la population, on peine à trouver la moindre circonstance atténuante probante à ce naufrage.
A deux exceptions près relevant de la psychologie sociale : tout d’abord, la soumission à l’autorité a ici joué à plein dans une « expérience de Milgram » collective. Les médias se sont fait embrigader comme dans toute dérive totalitaire en ce qu’on a désigné à leur intention les « ennemis » du bien commun sous les traits de celles et ceux qui osaient questionner les incohérences des mesures dites sanitaires.
Cet « effet de corps » sous des dehors vertueux est en réalité redoutable comme levier d’instrumentalisation. On peut toutefois relever que cela fait ou devrait faire partie des fondamentaux de la presse que de connaître ces processus d’instrumentalisation (parfaitement décrit et enseignés) pour savoir s’en protéger. La triste réalité est que la profession s’est dévoilée comme ignare non seulement des réalités sanitaires et de la science compliquée qui les fonde, mais aussi de sa propre pratique. Ce qui est hélas rédhibitoire : aucun être ou groupe humain n’a la moindre chance d’échapper aux parti-pris et aux erreurs de perspectives sans un minimum de conscience réflexive.
L’autre piège, qui en découle, aura été de se faire les hérauts de la vérité, comme Alexis Favre s’en est récemment réclamé dans une douteuse tribune dans les colonnes du Temps (au moins cela aura été ton sur ton). Le rôle d’un journaliste, pérorait-il, est de servir la vérité. La naïveté de cette posture aura réalisé le glissement de la déontologie à la collaboration, comme dans cette émission mémorable au cours de laquelle le journaliste en question a aligné les contre-vérités, allant jusqu’à affirmer au Dr Edouard Broussalian que les « vaccins » (qui n’en sont pas) contre le Covid avaient passé en accéléré les quatre étapes de validation requises. Ceci alors que la phase 3 court en réalité jusqu’à fin 2022… et que nous sommes bien sûr dans une expérimentation génique à large échelle parfaitement problématique à de multiples égards.
Ayant pris parti, imbu de son rôle d’asséner la « vérité » (fusse-t-elle fausse), le pauvre animateur a montré dans toute sa crudité la réalité de cette dérive d’une presse aux ordres des autorités au détriment précisément de ce qui doit fonder un travail journalistique digne de ce nom.
Ajoutons à l’équation que la presse établie dans son ensemble est aujourd’hui elle-même dans une situation de conflit d’intérêts généralisée (puisqu’elle doit sa survie aux perfusions d’argent public) et on comprend le blues des anciens de la profession, que l’effondrement de toute l’éthique de la profession navre à juste titre.
Car vraiment ce naufrage est poignant : peut-on concevoir qu’aucun média officiel en Suisse n’a même mentionné les études publiées par le Pr Ioannidis à Stanford montrant que les mesures de contraintes n’ont pas d’utilité probante face au Covid ?! Ou l’étude Danmask, dont la publication fut reportée pendant plusieurs mois du fait de ses embarrassantes conclusions, montrant qu’il n’y a pas d’avantage au port du masque en plein air ? C’est comme si la presse faisait le black-out sur une finale de Wimbledon jouée par Roger Federer ou censurait un sommet du G7…
Peut-on imaginer qu’aucun média suisse n’ait diligenté la moindre enquête sur les différentes études scientifiques falsifiées visant à faire obstacle à tel ou tel remède risquant de contrarier les plans de vaccination généralisée, alors même que des universités suisses étaient impliquées au premier rang de cette fraude ?
Peut-on imaginer qu’aucun média suisse n’ait pris la peine de lire et répercuter les éditoriaux et articles empressés du British Medical Journal alertant sur la corruption, la falsification et l’instrumentalisant de la science depuis une année d’une manière qui détruit des vies ?
Peut-on imaginer que la presse installée n’ait ni lu ni compris ni commenté les articles des pharmas affirmant à tort des taux d’efficacité des « vaccins » (qui n’en sont pas) eux aussi falsifiés ?!
Peut-on concevoir qu’aucune question n’a jamais été posée sur l’opacité des négociations entre les états et Big Pharma, l’impunité accordé à celle-ci, avec garantie d’engranger l’entier des bénéfices alors que la recherche a été pour l’essentiel financée par des fonds publics ?
Peut-on concevoir que l’autorisation (toujours valable) par Swissmedic du Remdesivir, médicament inefficace, toxique et hors de prix contre le Covid, n’ait pas soulevé la moindre question dans la presse suisse ?!
Ce qui renvoie à cette confidence que m’a faite un journaliste à la retraite, évidemment atterré par le travail actuel de ses collègues, me disant qu’autant certains sujets difficiles comme les relations Nord-Sud ou la pollution par les pesticides pouvait être abordés dans notre pays avec quelques précautions, autant tout ce qui a trait à la médecine et aux pharmas est absolument tabou et couvert par une omerta de plomb.
Le travail des quelques journalistes ayant conservé un sens de leur mission n’en est que plus appréciable et admirable, les temps sont forcément durs pour eux et elles aussi. C’est donc avec un coup de chapeau sincère que je publie ce nouvel article pertinent d’Amèle Debey.
Puisqu’elle mentionne un commentaire qui me concerne avec Samia Hurst, je me permets de préciser à ce sujet que je n’ai jamais encore été déporté. Je ne suis non plus pas Juif à ma connaissance, mais mes grands-parents ont, au péril de leur vie, hébergé, caché et procuré des faux-papiers à des fugitifs juifs sous l’Occupation, ce pour quoi je leur voue une admiration et une reconnaissance indescriptibles.
Je sais aussi que les pires dérives totalitaires se sont toujours appuyées sur des « comités scientifiques » aux ordres et affirmant ce que l’on attendait d’eux au mépris de toute science et de toute éthique. Y compris la solution finale, justifiée par les élucubrations délirantes de médecins et de scientifiques eugénistes.
Comparaison n’est pas raison bien sûr, mais quand je vois les « scientifiques » de la Task Force (dont Mme Hurst est quand même vice-présidente), bénéficiant de salaires à six chiffres payés par le contribuable, expliquer à des gens qui sont en train de tout perdre que ma foi il va falloir garder tout fermé pendant encore des mois sans la moindre justification scientifique digne de ce nom, je ressens en effet et de la colère et du dégoût.
Non pas contre les personnes en tant que telles, mais en tant qu’elles se font les chevilles ouvrières d’une destruction de la vie de millions de personnes par une désinformation consternante. Et ceci a fortiori pour des personnes qui comme Mme Hurst ou M. Kiefer sont ou se présentent comme éthiciens.
En France, l’éthicien de la médecine Emmanuel Hirsch souligne à juste titre dans une tribune libre que « la loyauté et le discernement n’ont pas survécu à cette gouvernance de la pandémie ». Indiquant en conclusion : « Je suis inquiet que l’on abuse d’une autorité politique jusqu’à manipuler nos vérités, assumant le risque de perdre toute crédibilité dans un contexte où la relation de confiance n’apparaît plus comme nécessaire ».
Les campagnes de culpabilisation et de maltraitance de la population mises en œuvre par les acteurs concernés sur la base d’idées parfaitement fausses, démenties par la science, doivent être dénoncées bien sûr sans attaques personnelles mais sans la moindre complaisance.
Alors oui, j’assume que si des « scientifiques » sont incapables de tenir compte de la meilleure science qui contredit leurs dogmes comme des exemples probants de pays ayant obtenu de bien meilleurs résultats que nous sans avoir infligé cette maltraitance et toute cette destruction à leurs populations, alors ils doivent être, courtoisement mais très fermement, contestés.
Leur phobie de participer à ce qui ressemblerait à un débat d’idées digne de ce nom, soit ouvert et critique, montre au passage la faiblesse de leur position et la réalité de leur mauvaise conscience. Il est bien sûr ô combien plus facile de tenir salon à la RTS en se faisant cirer les pompes par les pseudo-journalistes de service.
L’article d’Amèle Debey aborde ces questions avec plus de retenue que c’est mon cas, mais avec une solide pertinence. Et oui, un «wake-up call » pour la profession est nécessaire de toute urgence !
Le journalisme, une victime consentante de la crise?
par Amèle Debey, l’Impertinent média.
Après les politiciens et les scientifiques porteurs de la parole d’Etat, les journalistes ont certainement été les plus malmenés depuis le début de la crise Covid. D’ailleurs, au sein même du métier, ils sont nombreux à penser qu’il y a de quoi. Cela a été dit et répété: la grande majorité des médias suivent bien docilement le narratif officiel sans remettre en question ses nombreuses incohérences, pour ensuite se demander «pourquoi tant de haine?» lorsqu’ils récoltent une levée de boucliers, tout aussi regrettable puisse-t-elle être sur la forme. Il y a de quoi s’interroger: pourquoi les médias ont-ils renoncé à leur rôle de chiens de garde de la démocratie, au moment même où le peuple en avait le plus besoin? Chers confrères, la question devrait plutôt être: «pourquoi si peu d’esprit critique?»
«Tu ne dois jamais faire d’article sur la profession, jamais. C’est un code d’honneur à respecter». Cet estimé confrère m’en voudra peut-être, comme d’autres, de ne pas avoir suivi son conseil. Or, je pense au contraire que le seul moyen de réconcilier le journaliste avec ses lecteurs, c’est d’accepter de faire son auto-critique. L’idée même que la profession doive être délestée de toute remise en question publique, ou bénéficier d’une omerta me paraît ni constructif dans un esprit d’apaisement, ni réaliste. L’ambiance de cours d’école qui règne dans le milieu journalistique romand en ce moment en est la preuve. Le cas Julian Assange, dans un autre registre, nous rappelle qu’il n’est plus question ni de code d’honneur, ni de solidarité. Et la crise actuelle ne va rien arranger.
Les raisons de la colère
Il y a un an, lorsque la crise autrefois sanitaire a éclaté, tout le monde a été pris de cours. Les journalistes étant des êtres humains comme les autres, ils sont passés de la stupéfaction à la peur, puis, un peu hagards, se sont rappelés l’importance de leur mission. En chemin, certains semblent avoir décidé de cesser de réfléchir. Ils semblent avoir oublié que le doute est le fondement de notre profession et qu’il est de notre devoir de tout remettre en question, sans cesse, jusqu’à aboutir à une certaine forme de vérité. Entre alimentation d’une ambiance anxiogène, basée qui plus est sur des données peu fiables, et mise au placard des voix discordantes pour hurler avec la meute de délateurs des fêtards devenus d’odieux criminels, bien des médias ont oublié qu’ils étaient au service du peuple et non pas du gouvernement. Quel qu’il soit.
Cela se ressentait particulièrement lors des conférences de presse du Conseil fédéral, lors desquels les journalistes – tous accrédités au préalable à Berne, donc habitués à fréquenter les politiques – n’étaient pas assez piquants. Bien des questions auraient pu, auraient dû être posées à ce moment-là. Dernier exemple en date: lors de la conférence de presse du 25 mars, en présence des représentants de Pfizer et Moderna, personne n’a interrogé les protagonistes sur la problématique de la responsabilité en cas d’effets secondaires et ses closes d’exonération. N’est-ce pas le rôle des journalistes d’aller lever ce genre de lièvre?
«Il y a des questions que l’on a beau poser, encore et encore, auxquelles le politique refuse de répondre au risque de perdre la face, me souffle un journaliste, fin connaisseur de la vie politique suisse, accrédité à Berne. Les vraies questions, les bonnes questions restent sans réponse, peu importe la manière et le contexte dans lequel on les pose.»
«Nos lecteurs avaient besoin d’informations très concrètes et je trouve cela légitime»
Interrogé sur la complaisance des médias envers le Conseil fédéral, un correspondant de la capitale explique: «Oui, parfois j’aurais rêvé d’avoir sous la main, tout de suite, la possibilité de prendre du recul, d’appeler plus de personnes, de consulter davantage de documents. Malheureusement, le temps a trop souvent manqué. Nous avons vraiment fait un travail d’urgentiste entre février et mai. J’ai couvert des dizaines de conférences de presse, des centaines de décisions, avec une énorme attente populaire de mes lecteurs sur ce qui les attendait concrètement. Ils avaient besoin d’informations très concrètes et je trouve cela légitime, c’était aussi notre mission.»
Ce journaliste, qui affirme se remettre continuellement en question, voit «cette introspection initiée par ses collègues comme une démarche riche et pleine de sens». Il tient cependant à noter la mauvaise foi de certaines sources critiques, «qui ne voulaient PAS apparaître en public, malgré mes appels du pied, parce que cela ne faisait pas bon genre. Et qui se sont exprimées plus tard, en égratignant au passage notre travail.»
Eva Novak, présidente de l’Union des journalistes parlementaires, note que de nombreuses difficultés ont entravé le travail de ses collègues lors des conférences de presse fédérales, contre lesquelles elle continue à se battre. Début 2020, il était impossible aux journalistes de poser leurs questions à distance, ceux qui faisaient partie d’un groupe à risque n’avaient donc pas de possibilité de participer. Les limitations, aussi bien du nombre d’intervenants à cause des règles de distanciation, du nombre de questions par personne, que du nombre de participants par média, ont rendu la tâche compliquée.
Eva Novak regrette que l’accréditation à ces conférences de presse soit limitée aux journalistes parlementaires. Mais surtout, elle déplore la disparition des interviews en bilatérale qui avaient toujours été possibles jusqu’ici à la fin des prises de parole du Conseil fédéral et qui permettaient aux journalistes de poser leurs questions en privé. Evitant ainsi de dévoiler leurs sujets, leurs angles et leurs idées à leurs confrères. «Tout ce que j’espère, dit-elle, c’est que ces mesures ne soient pas une raison pour restreindre nos possibilités sur le long terme.»
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