« La Doxa du Covid » ou les aberrations de la gestion sanitaire, interview de Laurent Mucchielli par Amèle Debey

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Le renommé sociologue, directeur de recherche au CNRS, a produit au long des deux années écoulées une œuvre d’explicitation et de décryptage de la crise sanitaire sans équivalent dans le monde francophone. Sur son blog de Mediapart (lequel, il s’en explique, lui a cherché des noises en tombant comme les autres médias dans des procédés de censure et de désinformation), Mucchielli a publié 66 « épisodes » dont il a rédigé la plupart, invitant également d’autres scientifiques pour mettre en perspectives les données réelles de la situation sanitaire.

Signe des temps, cela lui aura aussi valu des ennuis avec certains de ses confrères et son institution. En ces temps de pensée unique largement délirante, rappeler les contours et la substance du réel est devenu une opération à haut risque !

La talentueuse journaliste Amèle Debey (dont le média en ligne L’Impertinent aura fait contraste par son engagement à ouvrir un vrai débat là où à peu près tous les autres ont fait œuvre -ils commencent timidement à le reconnaître- de propagandistes) a interviewé Laurent Mucchielli à l’occasion de la sortie de son nouveau livre intitulé « La Doxa du Covid, peur, santé, corruption et démocratie. »

Un ouvrage magistral, dans lequel le sociologue revisite l’émergence et l’imposition à la population par un ensemble de procédés malhonnêtes d’un paquet -crédible en apparence- d’idées fausses.

Je reproduis plus bas les premiers paragraphes de l’interview d’Amèle Debey avec un renvoi vers L’Impertinent média. En partageant également la présentation de Mucchielli lors de la réunion du Conseil Scientifique Indépendant du 20 janvier 2022 sur le thème de « La Fabrique de la Covidologie ». Laquelle résume ce qu’il y a à savoir et à comprendre de la « face cachée du Covid », celle que les « médias de grand chemin » (selon l’expression de Slobodan Despot) cachent soigneusement et délibérément à la population….

Je mentionne par souci de transparence que Laurent Mucchielli a publié une critique de mon livre « Covid : anatomie d’une crise sanitaire » sur son blog et qu’Amèle Debey collabore en tant que journaliste au site d’information en ligne Covidhub.ch, dont je suis le référent en santé publique. Je ne connaissais ni l’un ni l’autre avant cette crise et si une appréciation mutuelle est née en cours de route, nous n’avons pas d’intérêts en commun autres que l’engagement envers une compréhension intelligente des choses et le droit de la population à être informée honnêtement.

 

 

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«On a créé de toutes pièces des problèmes de santé chez les jeunes»

Interview par Amèle Debey, L’Impertinent média

Laurent Mucchielli est sociologue et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Spécialisé dans les politiques de sécurité et dans la délinquance sous toutes ses formes et jusqu’aux plus hautes fonctions économiques et politiques, il se sert de son expérience pour décrypter la crise Covid d’une façon qui ne plaît pas à tout le monde. Pas même à l’indépendant Mediapart, qui a censuré ses publications à plusieurs reprises. Dans son dernier livre, La Doxa du Covid, Laurent Mucchielli pose des bases nécessaires de compréhension et de lecture de cette situation inédite.

Amèle Debey, pour L’Impertinent: A quel moment vous êtes-vous dit que quelque chose clochait dans la gestion de cette crise?

Laurent Mucchielli: Ce qui a été le déclencheur, c’est la polémique autour de Didier Raoult. J’ai été absolument consterné de voir qu’un débat se créait autour d’une personne, ce qui me paraissait être une diversion sans aucun intérêt. J’appelle ça le stade people d’une discussion et le degré zéro d’une controverse. Ce qui m’intéressait n’était pas la personne – que je ne connaissais pas – mais les idées, les stratégies de santé publique et la question du soin des malades.

J’ai très vite identifié ce qui me paraissait constituer une aberration dans la stratégie officielle des gouvernements occidentaux, qui consistait d’un côté à mettre à l’écart la médecine de ville, à dire aux gens de rester chez eux avec du Doliprane jusqu’à ce qu’ils aient besoin d’être hospitalisés, et de l’autre, dans la même stratégie, de dire: «Nous n’avons qu’une seule peur, c’est que l’hôpital soit débordé».

Il est impossible de ne pas voir la contradiction: on ne peut pas reporter toute la charge sur l’hôpital et dire qu’on a peur que l’hôpital soit saturé. De même qu’on ne peut pas réduire sans cesse les capacités hospitalières et faire «en même temps» de la saturation des hôpitaux le principal critère de pilotage de la politique de santé. Ce n’est pas sérieux.

C’est ce que vous appelez l’hospitalo-centrisme?

Tout à fait. Cette mise à l’écart des médecins généralistes est la faute originelle du gouvernement français (et d’autres en Occident).

Puis, je me suis rendu compte également que l’on ne réquisitionnait pas les lits disponibles dans les cliniques privées, de même qu’on disait qu’on ne pouvait pas faire de tests alors que les médecins vétérinaires affirmaient le contraire. Tout cela montrait que nous étions gouvernés par un état-major incompétent.

Si on reprend la métaphore militaire d’Emmanuel Macron: on part en guerre en laissant l’infanterie à la caserne (la médecine de ville); on ne recrute pas les bataillons supplétifs sur lesquels on aurait pu s’appuyer (les cliniques privées, les vétérinaires). Enfin, on a un super bombardier, l’IHU de Marseille (les IHU – il y en a sept en France – sont des instituts d’excellence, créés à partir de 2009 avec d’énormes sommes d’argent public). Celui-ci a été construit précisément pour parer aux situations épidémiques virales. Et le jour où cela arrive, on dit à tous ces médecins et ces biologistes marseillais qu’ils sont des charlatans? Tout cela est totalement aberrant.