Alors que les Français sont pris en otage à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle dans une répétition lamentable et absurde,
nous avons co-écrit avec Martine Wonner un manifeste qui se veut un appel au renouveau, à la pensée complexe et à un humanisme basal en politique.
Je garde d’un lointain passage dans ce monde (j’ai été vice-président cantonal des Verts genevois) une aversion certaine : si ce parti s’essayait à l’époque à la pensée complexe (avant de finir lobotomisé aujourd’hui) les automatismes intellectuels, l’esprit de clan, les calculs, la propension à considérer la population comme un ramassis de demeurés (encore que l’époque semble donner raison à cet a-priori…), l’absence de toute compétence à une pensée systémique ou holistique m’en avaient durablement dégoûté. Avec ce besoin compulsif de disqualifier agressivement les autres, comme une sorte de concours d’électrochocs dont tout le monde sortirait paranoïaque et obtus.
Les membres des exécutifs étant encore plus concernés que les autres pour des raisons accessoirement éclairées depuis par les neurosciences, comme le résume le titre de cet article paru dans The Atlantic : « L’exercice du pouvoir endommage le cerveau« . Ce qu’on peut observer à loisir à la ronde.
Le pompon ayant été pour moi le jour où j’ai vu un camp mettre en échec une excellent projet venant du camp opposé… au seul motif d’empêcher qu’il obtienne le crédit d’en avoir eu l’idée !
J’avais donc fui, la queue entre les jambes, cet univers dont la toxicité m’était apparue rédhibitoire.
Il existe pourtant de rares exceptions, souvent des originaux ou en tout cas, assez rapidement, des hors partis. Comme la remarquable Carine Castaner Raynaud en Andorre, qui vient (elle aussi) de fonder sa propre formation.
J’avais bien sûr suivi avec appréciation et une sincère admiration le combat solitaire et quelque peu désespéré (de mon point de vue, non du sien) de Martine Wonner à l’Assemblée nationale. Vent debout, elle faisait vivre une exigence de raison et d’éthique dans un hémicycle dévasté, face au souffle putride d’un gouvernement corrompu et sociopathe porté par des Olivier Véran et autres Jean Castex.
Ce n’est toutefois que quand je me suis entretenu avec elle que j’ai pu découvrir une personne d’une qualité rare. Médecin-psychiatre (ce qui peut prédisposer au meilleur comme au pire…), directeur médical du SAMU social, elle combine les ressources d’une rationalité sensible et d’une vision globale, avec une intuition qui m’est apparue très convaincante quant aux enjeux d’évolution collectifs pour parvenir à « refaire société » dans la noble essentialité du terme.
Ayant planché sur ce que pourrait être une déclaration d’intentions et de valeurs pour une politique digne de notre humanité, nous sommes arrivés à ce qui suit.
Et non, il reste hors de question de me ré-engager en politique. Je tiens pour ma part que le système politique et institutionnel actuel, sclérosé et dégénéré, doit laisser place à des formes d’organisation radicalement nouvelles, privilégiant l’intelligence collective. Et j’ai bien trop d’autres priorités dans la vie pour sacrifier à cette cause mon énergie et ce que je préserve -dans l’atmosphère mauvaise du temps- de bien-être.
Tant mieux par contre si des personnes comme Martine Wonner s’y emploient – avec tout mon respect pour ce véritable sacerdoce !
MANIFESTE
La crise prétendument « sanitaire » que nous vivons depuis deux ans est en réalité une crise politique voire sociétale. Elle nous projette de plain-pied dans un changement de monde, avec l’effondrement de la quasi-totalité de nos « systèmes » devenus inaptes à remplir leur fonction de manière intègre et utile.
Une des caractéristiques les plus frappantes de la situation actuelle est le dysfonctionnement systémique de nos pouvoirs et contre-pouvoirs : les exécutifs nationaux révèlent leur dépendance aux lobbies, les Parlements renoncent à jouer leur rôle de représentants du peuple et à contrôler ledit exécutif, la justice se montre inféodée au gouvernement aussi bien qu’indifférente à la Constitution et aux droits humains ; et la presse a renoncé à son rôle de contre-pouvoir critique pour devenir une source de propagande au service des intérêts dominants. La médecine ne soigne plus, la science connaît une instrumentalisation sans précédent en faveur d’intérêts dont elle dépend pour son financement au détriment de la transparence, de la vérité et de la probité. L’éducation endoctrine, maltraite les enfants et les jeunes pendant que les universités répriment le débat d’idées en faisant le jeu d’une idéologie de plus en plus totalitaire.
Ces dysfonctionnements structurels se traduisent par des mesures très concrètes, réelles qui encouragent la déshumanisation de notre époque contemporaine. Nous avons malheureusement appris à vivre avec la rationalisation des coûts : dans les écoles, les hôpitaux, les entreprises, l’administration publique avec l’exclusion de nos personnes âgées dans des structures maltraitantes, le chômage des jeunes, des séniors, des emplois de plus en plus précaires, la difficulté d’accession à la propriété, la destruction de notre appareil de production et donc de notre richesse nationale…
A ne voir les personnes, la nature et les choses que sous l’angle du profit qu’il est possible d’en tirer et de l’utilité qu’ils peuvent avoir, nous en sommes venus à accepter que s’instaure un modèle de mépris, de dénigrement, de maltraitance. Ainsi l’exploitation des personnes, de l’environnement et des territoires ne choquent plus. Nous serons tous responsables aux yeux de l’Histoire, si, aujourd’hui, nous ne faisons rien.
Nous pouvons mettre la tête dans le sable et détourner le regard ou alors nous pouvons enfin prendre nos responsabilités et réclamer un nouveau modèle de société qui soit digne de nous et respectueux de l’intérêt des générations futures. Nous pouvons construire un monde à l’image de notre cœur et de notre volonté dans lequel le vivre ensemble est sacralisé tout comme le respect de notre humanité.
Nos systèmes institutionnels, économiques et sociaux sont-ils aujourd’hui pleinement et réellement au service de la population ou bien celle-ci est-elle devenue dépendante au service d’intérêts privés qui mettent à mal notre démocratie ?
Nous nous devons à nous-mêmes ainsi qu’aux générations futures de ne pas esquiver ces questionnements inconfortables
Fort heureusement, tout n’est pas sombre, et il convient de voir dans cette période de crise les « bonnes nouvelles » qui éclairent le chemin.
D’abord nous disposons d’une somme d’éléments de compréhension sur lesquels nous appuyer. Nous saurions en réalité fort bien, dans une dynamique d’intelligence collective et de valeurs fondamentales partagées, comment favoriser la construction d’une société efficace et bienveillante qui réponde aux besoins individuels, familiaux et collectifs. Ensuite, cette période est propice à la construction d’un vivre ensemble authentique et sincère qui nous oblige à réfléchir ensemble et à se coordonner. Enfin, jamais nous n’aurons eu à expérimenter, plus que maintenant, la valeur et le sens précieux du mot Liberté.
Ensemble Pour les Libertés (EPL) est un parti politique, fier de ses valeurs, car il réfute toute politique partisane. Loin de manœuvres manipulatoires ou d’habiles communications, EPL est un parti politique qui souhaite remettre les valeurs Vérité – Liberté – Souveraineté – au cœur d’un projet sociétal bienveillant envers tous, recentré à la fois sur la famille, l’éducation/instruction, l’appareil productif national et le respect de chacun dans sa différence.
Le défi de taille qui nous attend est de lui donner corps pour lui redonner vie. Le sociologue Raymond Aron disait il y a déjà longtemps que « être de gauche ou de droite, c’est être hémiplégique ! ». Si chacun a le droit inaliénable d’être ancré dans les convictions de son choix, nous avons collectivement à trouver les moyens de réunir le meilleur de tous les courants de pensée et de toutes les compétences disponibles. Le dynamisme des entrepreneurs de l’économie réelle doit rencontrer cette autre réalité que tous les citoyennes et citoyens n’ont pas en permanence la ressource d’être productifs.
La sortie de cette crise ne sera pas, ne pourra pas, et ne devra en aucun cas être un retour en arrière au « monde d’avant ». Ce monde a vécu et il a d’ores et déjà sombré d’avoir toléré trop de déséquilibres et d’injustices, de s’être en définitive déshumanisé. L’échec de la modernité et de sa quête sans limite de profits doit laisser la place à un nouvel élan, celui d’une rationalité sensible et éclairée, plaçant les valeurs fondamentales au-dessus de toute autre considération.
Voir dans ces principes une déclaration naïve uniquement pleine de bonnes intentions reviendrait à méconnaître gravement ce qui a toujours permis au cours des âges les percées favorables. Aujourd’hui, nous semblons hélas abonnés à l’inverse. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous pouvons continuer dans cette voie et produire toujours plus de disqualification, de maltraitance, de mépris, de tensions, de conflits et in fine d’enfermement et de décadence, ou nous élever avec audace et ambition.
A la société du contrôle et de la déshumanisation nous devons opposer celle du vivre-ensemble et des libertés. Il n’y a qu’en étant fidèles au plus précieux de ce que nous sommes, que nous pouvons recouvrer ces libertés et tracer enfin le chemin vers un futur désirable, digne de nos aspirations les plus fondamentales pour nous comme pour les générations à venir.
Rien de moins que cela ne saurait suffire.
Jean Dominique MICHEL – Martine WONNER
Lien vers le Manifeste sur le site d’Ensemble pour les libertés : cliquer ici.