« Ma vie d’étudiante depuis 2020 » : une jeunesse sacrifiée ?!

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Je dois reconnaître éprouver bien de la colère et une indignation croissante à mesure que perdure une crise due pour l’essentiel à nos dérives et à notre effondrement, intellectuel et moral. Qu’après bientôt une année d’une crise majeure, nous en soyons à la même cécité, au même déboussolement et aux mêmes turpitudes laisse pantois, rajoutant une épaisse couche de malaise.

Les conflits d’intérêts, les magouilles, les double-standards, les influences toxiques débouchant sur des mesures absurdes et abusives s’exercent avec la même licence et la même intensité qu’aux premiers jours, lorsque nos gouvernants avaient certes la légitime excuse d’avoir été pris de court et de naviguer en pleine incertitude.

Une année plus tard, ces mêmes scories sont simplement intolérables. Heureusement (enfin ! aimerait-on dire) un vent de révolte commence à souffler. Comme pour rappeler que la panique et l’hystérie ne sont pas des modalités de pensée. Et que les élus et experts ne disposent pas d’un pouvoir discrétionnaire et ont toujours le devoir d’être au service de la population.

Des médecins, chercheurs, scientifiques, citoyens et artistes se lèvent pour dénoncer une fuite en avant toujours plus destructrice et tragique. Aujourd’hui même, le Dr Olivier Lhoest, chef de service associé du service d’anesthésie-réanimation et membre du conseil médical du CHC Liège, vient de l’exprimer dans une prise de position sans concessions, publiée dans Lalibre sous le titre ô combien pertinent : « La gestion de la crise Covid est un échec. Persévérer est diabolique« .  Il y rappelle que :

« Nos politiques et leurs conseillers ont privilégié le principe de précaution ou technique dite du parapluie plutôt que des procédures basées sur le bénéfice-risque-coût et la proportionnalité des mesures. Vu son bilan (taux de mortalité des plus élevés et une situation dramatique sur les plans économique, social, éducationnel et psychologique) notre politique sanitaire anti-covid19 doit être modifiée au plus tôt. »

Nos gouvernants continuent d’affirmer en dépit du bon sens et d’une élémentaire honnêteté que leur bilan est bon (?!!) et qu’elles « n’auraient pu faire autrement », argument encore invoqué par le Conseil fédéral il y a peu pour justifier un nouveau confinement qu’en vérité rien au monde ne justifie plus, ni la réalité sanitaire du moment ni la fallacieuse utilité de telles mesures, battue en brèche par les meilleures études.

Quand et comment retrouveront-ils leur esprit et cesseront-ils d’infliger des dégâts aussi brutaux qu’inutiles ? Nul n’est devin, mais le « renversement » de perspectives nécessaire à revenir dans la réalité rend la chose compliquée dans des cercles déformés (c’est neurologique) à croire en permanence qu’ils savent mieux que les autres.

Et pendant ce temps-là, le bateau coule !

 

Les catégories les plus vulnérables de la population sont évidemment les plus touchées, parmi lesquelles les aînés, les personnes isolées, les indépendants et les précaires ainsi que bien sûr les jeunes et les enfants.

A y regarder de plus près, on peut voir un -autre- triste motif : le parti-pris actuel est décidé et imposé par une génération (celle des « boomers ») qui aura vraiment à peu près tout raté. Arrivant en fin de course dans la gestion des affaires, elle aura laissé advenir un monde qui n’a plus grand-chose de sain, de désirable ou d’inspirant. Sous sa houlette, la joie de vivre, la probité et le bon sens ont fait naufrage pendant que les contrepoids et les garde-fous pétaient les uns après les autres. D’une société insouciante et prospère, nous sommes passés en cinquante ans à un pré-dictature à ciel ouvert où les inégalités ont explosé, des pans entiers de la population se sont paupérisés, la classe moyenne a été éreintée, le respect de la dignité humaine et de l’environnement s’est tristement dégradé.

Or ce sont ces même « papy-boomers » qui aujourd’hui paniquent tant et plus en asphyxiant la société entière, faisant porter le coût le plus lourd (comme d’hab’) à d’autres qu’eux !

J’ai observé par exemple certains septuagénaires politiciens de Genève. Ces gens qui ont eu en définitive à peu près toutes les facilités, qui jouissent aujourd’hui d’une retraite confortable, qui ont vécu à crédit des générations futures et laissé notre monde sombrer vers un système d’exploitation cynique et corrompu, réclament à cor et à cris des mesures les plus strictes possibles !

Sans doute hantés par leur propre peur de la mort, ils demandent et réclament que la société entière et même le monde s’arrêtent de vivre au motif que circule un virus qui a emporté… une personne sur 1’000 pendant l’année écoulée, avec une médiane d’âge des décès supérieure à l’espérance de vie !!!

Parmi eux, trois ex-présidents de partis (un socialiste, un vert et un centriste) qui aimeraient que tout s’arrête et réclament confinements, fermetures, masques et vaccins en supprimant tout ce qui ressemble à la vie – y compris le ski, dont l’autorisation a provoqué chez eux une sorte de fixation rageuse.

Que ces personnes aient peur pour elles-mêmes, ma foi c’est dans l’ordre des choses quand on subit un tel matraquage anxiogène, que les autorités ont renoncé à faire de la prévention ou à assurer des soins adéquats en amont de l’hospitalisation – et que le cerveau rationnel (fonctions exécutives) n’est plus guère disponible pour mettre les choses en perspectives.

Au total, cette génération qui a un peu fait n’importe quoi pendant toute sa vie continue de plus belle. Faut-il être aliéné à soi-même et mutilé dans son humanité pour considérer que le port du masque chez les enfants et les jeunes à journée longue ne pose aucun problème -alors qu’en fait, bien sûr, il est fortement abusif et dommageable pour une population qui ne transmet pas le virus de toute manière !

Faut-il être aliéné à soi-même et mutilé dans son humanité pour imposer à une génération d’étudiants des cours « en distanciel » en la privant de toute vie sociale comme si cela valait bien ou à peu-près la vraie vie !

Faut-il être azimuté pour interdire toutes sortes d’activités (culturelles et sportives) dont des expériences rigoureuses dans d’autres pays ont montré qu’elles ne présentaient pas de danger particulier. L’Espagne ainsi n’a jamais refermé ses théâtres. La Suède, faut-il le rappeler, n’a jamais fermé écoles, commerces ni restaurants sans non plus imposer le port du masque… et avec un bilan qui n’est en rien pire que le nôtre.

Et c’est bien cela le dernier drame : aucun élément de réalité probant ne vient calmer les paniqués ! Aucune preuve, aucune démonstration n’a plus prise sur ces esprits en berne et inaptes à reprendre pied. Et pendant ce temps, les aînés dépérissent, les enfants sont durablement traumatisés, les actifs indépendants et responsables sont conduits à la précarité et au désespoir et les jeunes sont envahis d’idéations suicidaires. Du fait de mesures dont on pourrait sans dommages se passer.

Le Pr Jean-François Toussaint a utilisé une expression très forte récemment sur un plateau de télévision. Il a en effet partagé son sentiment que notre société était en quelque sorte en train de réaliser un sacrifice humain de sa jeunesse, un peu comme les Incas mettaient à mort quelques-uns des plus beaux de leurs adolescents pour s’assurer que le soleil continuerait à briller. L’image est forte. Mais en tant qu’anthropologue, je pressens qu’elle a sa part de vérité.

Une personne comme Jean-François Delfraissy, septuagénaire lui aussi, président du conseil scientifique en France, a tenu des propos délirants et à vrai dire superstitieux, qui révèlent à quel point ce basculement fantasmatique n’est pas une caricature ou une figure de style. En disant du virus qu’il était « diabolique et bien plus intelligent qu’on le croit » à l’antenne de BFM, il a révélé ne plus vivre dans le monde réel ni dans celui de la science. Il a basculé -comme la plupart de ses collègues-dans un monde parallèle, fantasmagorique.

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La Task Force chez nous est aujourd’hui plongée dans le même gouffre : les modélisations et recommandations qu’elle énonce ne relèvent plus guère que de l’oracle pour les premières et du gris-gris pour les secondes. Elle lit dans les écrans d’ordinateur comme les aruspices lisaient dans les entrailles de poisson et brandit des fétiches (comme le masque) convaincant au passage la population que le fétiche est essentiel et que la vie sans lui est mortellement dangereuse !

Cette irresponsabilité que je nomme et décris ici depuis des mois, je souhaite de tout mon être que la jeune génération nous en fasse le grief avec une intensité équivalente aux aberrations qu’on lui fait subir. Les fameuses teufs de fin d’année qui ont eu lieu en France, dénoncées et réprimées avec l’ardeur des enragés, n’ont entraîné aucune contamination !

Le virus est là pour rester, il circule d’une manière que rien ne peut empêcher hormis un suicide collectif. Mettre à mort la vie pour exorciser sa peur de la mort est sans doute l’ultime absurdité d’une génération à laquelle il faut retirer le pouvoir de toute urgence car c’est elle (et ceux qui pensent comme elle) qui constituent aujourd’hui le principal danger !

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Et oui, que notre civilisation est malade pour basculer dans pareille dérive mortifère, où tout ce qui fait la vie, sa beauté et son sel, est redouté comme la peste ! Erreur tragique, dont il est essentiel que les forces vives de la jeunesse nous extirpent à grands coups de pied dans le derche !

Vivons, pleinement, librement, puisque ce n’est aucunement (quelle idée de dégénérés !) la vie qui nous rend malades. Mais bien sa négation, son piétinement, son effacement.

Hélas ! Nos jeunes sont sans doute trop dociles, trop polis, trop culpabilisés aussi par tous ceux qui les ont tellement rendus responsables des échecs d’une politique sanitaire minable, comme ces « experts » et politiciens qui n’ont cessé d’attribuer (alors que c’est faux !) la recrudescence saisonnière automnale du Covid à un « manque de vigilance » de la population et des jeunes pendant l’été.

Je partage avec vous ici (avec une profonde gratitude pour son auteure, mais aussi avec douleur) le texte que m’a adressé une étudiante âgée de 21 ans sur son année écoulée.

Il est de notre devoir d’ouvrir les yeux : nous sommes devenus une société maltraitante et tortionnaire selon les définitions légales de ces termes envers l’entier de la population – et a fortiori ses groupes les plus vulnérables.

Pas en mon nom, pas avec moi !

 

 

Ma vie d’étudiante depuis 2020 :

 

Je suis une étudiante suisse de 21 ans, qui souhaite être infirmière.

Voilà maintenant plusieurs mois que je suis des cours à distance. Je suis toute la journée derrière un écran, de 8h15 à 16h30 (voire plus). On me demande de suivre, d’apprendre, de me concentrer et même de faire des travaux de groupe…tout comme si nous étions en classe ou « en présentiel » comme ils aiment le dire. Mais non je ne suis pas en classe, je suis seule, chez moi, derrière la froideur de mon écran d’ordinateur.

Tous les jours c’est pareil : je me lève, je prends mon petit déjeuner, je me lave les dents, j’allume mon ordinateur, j’essaie tant bien que mal de suivre et de retenir quelque chose. Ensuite pendant la pause de midi je vais me doucher, je me fais à manger et je mange avant de rallumer mon ordinateur pour essayer de nouveau de me concentrer et de prendre quelques notes. Quand enfin la journée de cours est finie, je me prépare et je sors marcher un moment, je prends l’air et ensuite je rentre et je travaille mes cours, encore devant mon écran.

Voilà à quoi ressemble mes journées depuis le mois de novembre. Je passe toute la journée dans mon appartement de 22m2, qui est devenu : ma chambre, ma salle à manger et en plus ma salle de cours et de révisions. Je suis seule du matin au soir. J’ai mal au dos car ma chaise n’est pas faite pour rester assise 8 heures. Et je dois tout mettre en œuvre pour essayer de rester concentrée devant mon écran.

Je fais partie de ces gens dont la capacité de concentration est faible. Cette année ayant enfin trouvé le domaine d’études qui me motive et me plait, j’avais réussi à mieux me concentrer pendant les cours en présence. J’étais fière de moi car je pouvais suivre le cours en prenant des notes et cela sans avoir des phrases incomplètes car j’avais décroché. J’ai compris que ce qui aide à la concentration c’est aussi le groupe et l’énergie du groupe tourné vers le cours.

Maintenant je me retrouve seule face à un écran qui me parle de divers sujets avec froideur, sans énergie et avec énormément de choses attirantes autour de moi. Et oui effectivement depuis que les cours se donnent de cette façon inadéquate, j’ai pendant certains cours fait autre chose que suivre, comme par exemple : ranger mes placards, changer mes draps, faire à manger, jouer à des jeux sur mon téléphone et même parler avec des amis sur les réseaux sociaux. Je ne me sens pas coupable car je sais pertinemment que je ne suis pas la seule. Et vous n’imaginez même pas comme il est difficile de suivre un cours derrière un écran…

Je fais aussi partie de ces personnes phobiques sociales. Alors oui quelle aubaine de ne pas avoir besoin de côtoyer d’ autres humains ! Mais cette situation ne fait que convenir à une partie de moi. L’autre partie souffre de cette solitude, de cette absence de contacts. Car oui j’ai évolué dans cette phobie sociale, depuis plusieurs mois je ressens le besoin de faire de nouvelles connaissances, de ne plus être aussi seule et de ne plus me sentir rejetée. Mais à cause de cette situation d’isolement social provoqué par les cours en ligne, je ne peux plus progresser dans cette phobie, je stagne. J’ai une envie folle de rencontrer, de sortir et de profiter de ma jeunesse comme tout le monde, en étant entourée. Mais on m’en empêche, on me prive de ma jeunesse, de la possibilité de faire des rencontres et d’être pleinement épanouie. Au final on nous vole notre jeunesse.

J’ai la chance d’avoir une famille et quelques amis proches qui me soutiennent beaucoup et aussi d’avoir une forte détermination. J’ai donc la chance de ne pas avoir eu d’épisode dépressif ou même d’idée suicidaire, à cause de cette solitude profonde provoquée par les cours en ligne. Je sais que ce n’est pas le cas de tous les étudiants, beaucoup souffrent encore plus que moi de cette situation. Certains dépriment, d’autres sont découragés et n’arrivent plus à apprendre et à trouver du sens dans leurs études, et finalement certains en arrive au pire : les envies d’en finir ou même le passage à l’acte.

Ne trouvez- vous pas dramatique que la jeunesse perde l’envie de vivre ? Ne trouvez-vous pas inquiétant que notre santé mentale soit à ce point mise en danger, alors que nous sommes le futur de cette planète ? Nous sommes votre futur à vous ? Ne trouvez-vous pas alarmant que la qualité de nos études soient sacrifiées ? N’avez-vous pas peur de vous dire que dans 4-5 ans nous rentrerons dans la vie professionnelle en ayant une formation bien moindre que celle de nos prédécesseurs ?

Et vous étudiants, n’avez-vous pas peur de perdre vos amis, peur qu’ils mettent fin à leurs jours ? N’avez-vous pas peur d’avoir une formation décevante ? N’avez-vous pas peur de rater vos examens après avoir eu des cours derrière un écran sans vie ?

Il faut vous poser les bonnes questions. Quel futur voulez-vous pour vous, vos enfants, vos petits-enfants ? Il est injuste de nous obliger à suivre des cours à distance, nous, étudiants post-baccalauréat, pendant que les plus jeunes continuent d’aller à l’école. Il est injuste de sacrifier notre génération !

Je ne supporte plus cette situation, je ne suis pas la seule, peut-être une des seules à oser le dire. Je fais des études fondamentalement humaines, pendant lesquelles je suis totalement déshumanisée. Alors s’il-vous plait, ouvrez les yeux, soyez critiques et aider nous à retrouver nos vies, nos libertés et nos formations de qualités ! C’est le futur de chacun et chacune d’entre nous qui est en jeu.